L’oeuvre de la semaine: Bernard Plossu et la couleur

L'oeuvre de la semaine: Bernard Plossu et la couleur © Copyright de l'artiste
Guy Gilsoul Journaliste

On l’oublie parfois, la photographie n’est pas qu’un oeil. Elle est aussi l’affaire d’un artisanat aux multiples recettes. Alors qu’aujourd’hui, l’informatique donne à tous l’illusion de posséder cet art, Bernard Plossu nous le rappelle : soyons attentifs.

Approchons-nous du support, touchons l’image avec les yeux, caressons-là. Prenons l’exemple de la couleur. Certains l’aiment brillante, intense aux limites du métallique. Les pionniers comme les Frères Lumière usèrent d’un procédé appelé autochrome dont les résultats dégagent davantage qu’un rendu du réel. Une dose de mystère.

Bernard Plossu, aujourd’hui basé à La Ciotat où vécurent aussi les deux inventeurs du cinéma, a longtemps privilégié le noir et blanc. Mais un jour de 1967, alors qu’il a entamé un long voyage au Mexique, il découvre le procédé Fresson. Et c’est avec ce procédé inventé en 1890 qu’il réalise entre autres à Madrid, ce « Sofa rouge de Carlos Serrano ».

En réalité, les pigments constitués de charbon de bois pulvérisés sont couchés sur un papier gélatiné sensible au bichromate de potassium. La gélatine en surface va alors durcir sous l’action de rayons ultra-violets et du coup, emprisonner les pigments. Ensuite, le papier mat est frotté à l’aide d’un mélange de sciure et d’eau, ce qui va donner à l’épiderme de l’image, une texture douce et particulièrement sensuelle.

Ainsi, que l’on photographie un mur de terre, un chemin enneigé, une tablette de salle de bain ou un divan rouge, le résultat toujours déréalise l’objet photographié. L’instant, à jamais disparu demeure, aussi beau qu’un souvenir.

Bruxelles, Box Galerie. 102 chaussée de Vleurgat. Jusqu’au 12 mars. Me-Sa 12-18h. www.boxgalerie.be

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