Il pleut dans les musées comme il pleut sur la ville

Le Musée du Cinquantenaire prend l'eau © Capture d'écran RTL
Marise Ghyselings Journaliste

Des trous dans le toit qui laissent apparaitre les nuages, des seaux qui recueillent la pluie à l’intérieur, des momies sur l’eau. Non, ceci n’est pas un tableau surréaliste mais bien la situation des musées fédéraux à Bruxelles. Elle n’est pas neuve mais elle s’empire.

Les musées fédéraux à Bruxelles sont dans un piteux état. La semaine passée, le quotidien flamand De Standaard publiait un article sur la situation du Musée des Beaux-Arts de Bruxelles: des seaux ont été placés sur le sol de la salle des Rubens pour recueillir les gouttes de pluie fuyant du plafond. Bonne nouvelle: Rubens n’a toujours pas touché à la peinture à l’eau. Mauvaise nouvelle: ce n’est pas la première fois que l’infiltration d’eau contraint la direction à déplacer des oeuvres ou à écourter une exposition.

« Ce n’est pas depuis hier qu’il pleut. Cette problématique est là depuis des années dans nos musées », rappelle Isabelle Vanhoonacker, directrice du service éducatif des Musées royaux des Beaux-Arts, au micro de la Première ce mercredi 10 février. En 2013, des infiltrations d’eau en sous-sol avaient déjà atteint les salles consacrées à l’exposition de Rogier van der Weyden qui a dû fermer ses portes le 22 novembre alors qu’elle était prévue jusqu’au 26 janvier. D’autres situations similaires se sont produites en 2014. « Il n’y a jamais eu de dégâts par rapport aux tableaux. On a justement pris cette mesure de façon préventive », précise la directrice.

Le Cinquantenaire prend l’eau

La situation au Cinquantenaire est pire que celle des Beaux-Arts. « Au Musée des Beaux-Arts, les dégâts sont limités et localisables. Au Cinquantenaire, le problème est structurel. Les bâtiments sont vieux, ils n’ont plus été entretenus depuis longtemps et il y a même des trous dans le toit », a indiqué Elke Sleurs (N-VA), secrétaire d’État en charge des musées, au Standaard. Aux trous s’ajoutent des fuites, des seaux éparpillés au sol, des courants d’air et même des glissements de terrain dans les réserves, ce qui réduit l’espace de stockage. « Il y a eu des momies dans l’eau », ajoute Ingrid De Meûter, du Cinquantenaire. Des rénovations structurelles qui sont de la responsabilité de la Régie des Bâtiments, chargée du patrimoine immobilier de l’État sur l’ensemble du territoire, sous la tutelle de Jan Jambon (N-VA). Mais eux aussi manquent de moyens et de personnel.

Les actions à venir

« Nous avons convaincu un entrepreneur de venir sur place pour faire une offre rapidement », indique aujourd’hui Johan Vanderborght, porte-parole de la Régie des Bâtiments. « L’intervention durera alors un mois. » Mais sur le long terme, la Régie va dresser un masterplan pour évaluer la totalité de la facture que ce soit pour la rénovation générale du Cinquantenaire ou pour la rénovation des toitures et des salles du musée des Beaux-Arts. « Si on veut totalement réparer la toiture, il faudra un permis car le bâtiment est classé. »

Encore du temps perdu alors qu’il y a urgence: l’état du Cinquantenaire met en péril la rénovation des salles Art Nouveau, liée à 500.000 euros débloqués par Elke Sleurs et à un mécénat de 1,5 million d’euros octroyé par le Fonds Inbev-Baillet Latour. Pour cela, les salles doivent être rénovées pour la fin 2016. Le vice-Premier ministre Jan Jambon a demandé de procéder d’urgence aux réparations des toits, rapporte La Libre. La lumière au bout du tunnel qui s’écroule?


Intempéries: le Musée du Cinquantenaire a pris l’eau

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