Festival des Libertés: 3 docus qui mettent les femmes au centre

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Du 18 au 27/10 au Théâtre National, le Festival des Libertés se promène cette année dans les coulisses du pouvoir. Zoom sur trois documentaires de sa compétition officielle qui mettent les femmes au centre.

L’an dernier, il interrogeait sous toutes ses coutures le concept de système, sa complexité et sa nécessité, ses ramifications et ses machinations. Cette année, le Festival des Libertés questionne la notion de pouvoir. Son rôle, son contrôle, ses limites dans un État de droit et ses abus, qu’ils soient politiques, économiques ou religieux. Coup d’oeil sur trois films conjugués au féminin de sa compétition documentaire…

Golden Dawn Girls

Documentaire d’Havard Bustnes. Le 27/10 à 14h. ***(*)

Festival des Libertés: 3 docus qui mettent les femmes au centre

Destination touristique ensoleillée et accueillante, la Grèce n’a pas été épargnée par la montée de l’extrême droite ces dernières années. En 2012, 20 députés du parti ultranationaliste Aube Dorée étaient élus au Parlement. Gazette dans les années 80 avant de devenir un petit mouvement d’extrême droite et d’être enregistré en 1993 comme parti politique, Aube Dorée allait rapidement défrayer la chronique. Alors que ses dirigeants et représentants se retrouvaient derrière les verrous, mêlés de près ou de loin à des attaques de migrants, à l’assassinat d’un rappeur antifasciste et à d’autres violentes joyeusetés, le Norvégien Havard Bustnes s’est mis à suivre trois femmes du mouvement néonazi. Il y a Jennie, une blonde lepénienne qui a un masters en relations internationales et est la femme de Georgios Germenis, ancien boulanger et bassiste de black metal au comportement plus que musclé. Il y a aussi Dafni, ancienne socialiste d’apparence avenante, la mère de Panagiotis Iliopoulos. Et enfin Ourania, la fille du chef, qui ressemble à une espèce de Dora, collectionne les films Disney et semble inséparable de son chien, qui écoute Slayer et Cannibal Corpse et a pour livre préféré Le Petit Prince… Une plongée glaçante au féminin dans l’extrémisme de droite contemporain.

The Judge

Documentaire d’Erika Cohn. Le 23/10 à 18h30. ***(*)

Festival des Libertés: 3 docus qui mettent les femmes au centre

C’était du jamais-vu. En 2009, Kholoud Faqih devenait la première femme juge au sein d’un tribunal islamique du Moyen-Orient. Secouant les traditions et les coutumes, cette mère de famille était nommée dans un tribunal religieux de Ramallah. Suivie de près par une autre femme, Asmahan Wuheidi. Excellant dans son travail, y apportant une autre lumière, féminine et donc nécessaire, Kholoud Faqih a traité des cas de violence conjugale et de divorces dans des organes gouvernés par une loi islamique aux interprétations mouvantes. Erika Cohn retrace son parcours et son combat, questionne la position des femmes dans le monde arabe et la méconnaissance de leurs droits. Elle montre des lignes qui bougent, des mentalités qui évoluent, mais aussi l’énergie que le changement nécessite. L’homme responsable de son engagement a été obligé de démissionner un an plus tard. Kholoud est devenue momentanément une juge sans cas à traiter, limitée aux tâches administratives et sans litige… Le portrait assez conventionnel d’une femme d’exception.

Watani: My Homeland

Documentaire de Marcel Mettelsiefen. Le 20/10 à 20h45. ***(*)

Festival des Libertés: 3 docus qui mettent les femmes au centre

De son expédition à Alep en 2013, Marcel Mettelsiefen avait déjà tiré un documentaire au format court. Syrie: la vie obstinément suivait une famille vivant au milieu des gravats et des bombes. Le père Abu Ali dirigeait alors un groupe de combattants civils luttant contre l’armée de Bachar el-Assad. Le film de 26 minutes avait été primé au festival de Bayeux des correspondants de guerre et nominé aux Oscars. Abu Ali ayant été capturé par Daech, Watani: My Homeland, version longue, retrace l’histoire d’une famille qui a tenté de rester mais s’est résignée à fuir. En 2015, l’épouse d’Abu Ali, Hala, qui tenait à mettre ses quatre enfants à l’abri, a pris la direction de la Turquie pour finalement atterrir à Goslar, paisible et vieillissante ville allemande. De la plongée dans Alep où les bombes font sursauter les mioches en train de faire leurs devoirs, où le sirop pour la toux aide à les endormir et où les explosions sont présentées comme des feux d’artifice, jusqu’à l’immersion dans une école teutonne, Watani: My Homeland raconte avec justesse la résistance et l’attachement à ses racines. La fuite et la reconstruction. Les souvenirs qui font mal et l’éloignement qui ronge.

Libertés, égalités, festivités…

Festival des Libertés, du 18 au 27/10 au Théâtre National. www.festivaldeslibertés.be

Kingdom
Kingdom

Quels sont les mécanismes politiques, sociologiques et économiques qui justifient l’influence des riches dans les instances démocratiques? La justice est-elle l’un des derniers remparts contre l’oppression ou un outil de reproduction des inégalités? L’autogestion est-elle un piège à cons? Il n’y a pas que des documentaires au Festival des Libertés, on y tombe aussi sur des concerts et des expos. Une adaptation de L’Attentat, le roman de Yasmina Khadra (complet) ou encore un spectacle (Kingdom) de la compagnie Señor Serrano mêlant avec irrévérence le punk-rock, le trap, la croissance, les supermarchés, les multinationales, la zoophilie et des chorégraphies viriles…

L’événement bruxellois proposera des photos de veuves et des globes oculaires vigilants, du rap (Le 77, Caballero & JeanJass, Grand Corps Malade), de la pop (Girls in Hawaii, Brigitte), de l’électro (Fakear) et des musiques du soleil (Groundation, The Congos, Femi Kuti)… Des expériences aussi. Forum des ingouvernables, désintoxication de la langue de bois et masterclass interactive sur les privilèges blancs. Dix jours pour célébrer nos libertés et mieux les questionner…

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