Critique scènes (online): Pauvres humains

© Hichem Dahes
Estelle Spoto
Estelle Spoto Journaliste

Le chorégraphe Thierry Smits livre sa dernière création dans une captation disponible en ligne: Toumaï, panorama allégorique d’une humanité avide et déchirée.

Le milieu de la danse aussi se préoccupe des questions de changement climatique et des perspectives d’effondrement. Après A Dance for Greta de Fatou Traoré et Jean-Michel Van den Eeyden, son énergie hip-hop, ses allocutions au micro et ses pancartes de manif, après Wakatt de Serge Aimé Coulibaly et son humanité se démenant dans un désert de cendre post-apocalyptique, voici Toumaï de Thierry Smits. Alors que les deux premiers sont visibles en captation sur Auvio, ce dernier est présenté en cinq courts épisodes sur la plateforme (payante) citerne.live. Nous avons pu le voir lors d’une présentation au Studio Thor à Bruxelles réservée aux professionnels.

Critique scènes (online): Pauvres humains
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Toumaï (« espoir de vie » en langue gorane) est le surnom donné à un crâne fossile découvert au Tchad en 2001, qui pourrait bien être le « chaînon manquant » entre la lignée qui a abouti aux chimpanzés et celle qui a abouti à l’homme. Soit le symbole d’un lien disparu entre l’Homo sapiens et le reste du règne animal ou, plus largement encore, entre l’homme et la nature.

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Dans ce cadre, Thierry Smits propose, avec huit danseurs formant un échantillon bigarré de l’humanité, une suite de tableaux chorégraphiques, allégories d’un certain état du monde, sur une bande-son qui mêle instruments synthétiques et bruits des machines.

Parmi ces allégories, la première est une des plus réussies, qui voit les danseurs se transformer à l’aide de sacs de courses en autruches du consumérisme, aveuglées par leur fièvre acheteuse et fonçant ainsi droit dans le mur. Et le mur est bien là, concrétisé en un container mobile, à la fois objet de convoitise, obstacle écrasant et boîte de Pandore.

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Mais il n’y a pas qu’avec l’environnement qu’on lutte ici. Le combat se mène aussi contre ses congénères, notamment pour la possession de gros barils, emblème d’énergies fossiles qui s’affirment de plus en plus épuisables, limités et donc âprement disputées. Explorant la face sombre de l’être humain, Thierry Smits n’oublie cependant pas d’inclure une note d’espoir: une solidarité qui prend la forme de couvertures distribuées et d’une ronde tournoyante, dans une séquence finale qui constitue au bout du compte le seul moment du spectacle où la danse prend vraiment corps.

Critique scènes (online): Pauvres humains
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Toumaï: visible à partir 8 avril à 20h sur https://www.citerne.live/fr

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