Critique scènes: de la corde frottée

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Estelle Spoto
Estelle Spoto Journaliste

Voilà un cours d’histoire de la musique comme on n’en avait jamais vu. De la préhistoire à Paganini, Claude Vonin parcourt le globe et les siècles dans Totus Cordus, à voir aux Riches-Claires jusqu’à la fin de l’année.

Mais comment fait-il pour être tout ça à la fois? Si Dieu est Père, Fils et Saint-Esprit, Claude Vonin est musicien, clown et érudit, et il mélange tous ses talents pour retracer l’histoire des instruments de musique à cordes frottées dans Totus Cordus.

Dans la petite salle du troisième étage des Riches-Claires, il déboule en professeur, dans l’attirail du savant fou, longs cheveux explosés, blouse blanche, cravate, pour un exposé qui impliquera, dit-il, le public à plusieurs reprises. Quelques secondes plus tard, voici déjà les spectateurs invités à faire les bébés pas contents puis qui soupirent d’aise, puis qui tapent des mains pour comprendre de l’intérieur, depuis le corps, les trois familles d’instruments: cordes, vents, percussions.

Il ne sera pas question ici de Beethoven ou de Mozart, mais du démon Ravana dans l’épopée du Ramayana, de Ibrahim al-Mawsili (à l’origine du premier conservatoire du monde arabo-musulman), de la naissance de Guillaume IX d’Aquitaine, connu pour être le premier poète en occitan, ou encore de Baldassare de Belgiojoso, au service de Catherine de Médicis. Totus Cordus s’éloigne résolument des sentiers battus et de l’européocentrisme pour une histoire mondiale qui surprendra même ceux qui croient s’y connaître en musique.

Et le tout sans se prendre au sérieux. Claude Vonin ne recule devant aucune facétie pour rendre son exposé vivant et drôle. Tour à tour simiesque pour remonter à la nuit des temps, reine de Bourgogne en plein accouchement ou gay à perruque et pochette sous Louis XIV, il sait aussi se faire Chinois, Marocain, Italien et Allemand tout en charmant son auditoire de ses instruments. Car Claude Vonin est avant tout un violoniste, diplômé des Conservatoires de Paris et de Bruxelles, capable d’enchaîner les acrobaties les plus ardues inventées par Paganini et à suspendre les secondes au fil d’une Chaconne de Bach. A recommander aux mélomanes, et à tous les autres.

Totus Cordus – I’ll be Bach: Jusqu’au 31 décembre aux Riches-Claires à Bruxelles, www.lesrichesclaires.be

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