Critiques livres : Encore un jour de pluie, de Sarah Moss

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© National

Sarah Moss, éditions Actes Sud

Encore un jour de pluie

192 pages

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© National
Fabrice Delmeire Journaliste

Dans un village de vacances sis au bord d’un loch en Ecosse, claquemurées sous des trombes d’eau renvoyant chacun à sa propre solitude, six familles s’observent en chiens de faïence à travers le rideau de pluie. Tous se demandent ce qu’ils sont venus faire là: «C’est censé être nos vacances […] tu crois qu’on regarde tous la pluie tomber?» Les enfants s’ennuient, les ados dépressifs ruminent des idées sombres, les parents renfrognés s’interrogent sur la persistance de leur union, quant au couple de retraités, plus anciens résidents du cottage, ils ne perdent pas une miette des valses-hésitations de tout ce petit monde. Bref, il flotte et ce n’est pas à proprement parler «l’éclate totale» ; si ce n’est chez les Shevchenko, ces «étrangers» chez qui la fête bat son plein et dont la musique empêche tout le monde de dormir. Entre jogging matinal et dérive en kayak, tâches domestiques et rancœurs familiales, Sarah Moss observe méticuleusement les heures d’introspection gagnées de haute lutte où serpentent irritabilité et impatience. Intimiste et chagrin, bercé par un courant existentialiste, ce roman choral s’échine à «fabriquer des souvenirs et ne pas oublier de les prendre en photo au cas où ils ne seraient pas si mémorables que ça». Il manque peut-être d’un soupçon d’éclaircie.

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