[Critique scènes] « Normal », au milieu des objets perdus

© David Bormans
Estelle Spoto
Estelle Spoto Journaliste

Mélangeant comédiennes, vidéo, objets et marionnettes, « Normal » démarre en soulignant inventivement la violence symbolique qui peut être à l’oeuvre dans un Office de l’Emploi, mais s’égare en chemin.

Ça avait pourtant bien commencé. Après une plongée de quelques minutes dans son enfance via un interrogatoire à la Jacques Martin, voici Claire (Sandrine Hooge, la complice d’Eric De Staercke dans l’inénarrable Est-ce qu’on ne pourrait pas s’aimer un peu?), 45 ans, qui attend son tour, son petit ticket numéroté à la main, dans la salle d’attente de Pôle Emploi. Trouvaille éloquente, les personnes assises à côté d’elle sont des photos grandeur nature cartonnées. Silencieux et immobiles, pas vraiment des gens, qu’on peut replier, enrouler pour les jeter à la poubelle. Belle image pour dire le côté potentiellement déshumanisant de ce genre d’Office. C’est d’ailleurs un rendez-vous « dans un open pour vérifier si je recherchais activement un emploi » vécu par Isabelle Darras -qui signe le texte et la mise en scène avec Elisabeth Ancion- qui a servi de déclencheur à la création du spectacle. « Je suis rentrée chez moi abasourdie, remuée, fâchée. Et je me suis mise au travail…« , écrit-elle dans sa note d’intentions.

Quelques minutes de rêverie remplie de bulles et de majorettes et le tour de Claire est arrivé. Le face-à-face avec la conseillère (Catherine Mestoussis) poursuit dans la même veine, dénonçant les absurdités d’un système où il faut coûte que coûte rentrer dans une case. Pour l’ancienne voltigeuse équestre, la reconversion aura lieu dans un Bureau des Objets trouvés, où il faudra commencer par trier des paires de gants, avec deux autres collègues (Audrey Dero complète le trio) elles aussi recasées de force.

Voilà. C’est tout. Ce qui suit ne poursuivra pas la critique ni n’explorera les relations entre ces trois personnages: on fonce juste dans un grand délire hétéroclite qui prend les objets perdus dudit Bureau comme moteurs. Bulldog avec boa rose en numéro de pole dance, concours de cris avec un mustélidé, manifestation soutenue au gueulophone et grande tombola déguisée qui, plutôt que de boucler la boucle, donne l’impression d’une fameuse queue de poisson. Le sujet était pourtant prometteur, on en attendait plus.

« Normal »: Jusqu’au 15/10 à l’Eden à Charleroi, du 20 au 31/10 au Théâtre royal de Namur, du 23/02 au 06/03 au Théâtre National à Bruxelles, le 11/03 au Centre culturel de Verviers.

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