Critique scènes: en route pour la joie

Etienne Van der Belen © Philippe Rabuteau
Estelle Spoto
Estelle Spoto Journaliste

Etienne Van der Belen raconte seul en scène le chemin véritablement parcouru vers Assise, la ville de saint François. Un voyage promettant en principe une dimension spirituelle, mais qui reste ici très terre à terre.

Un film vu dans son enfance avec sa grand-mère peut avoir des conséquences bien plus tard, lorsque la cinquantaine est imminente. Ainsi, le comédien Etienne Van der Belen s’est souvenu du film de Rossellini Les Onze Fioretti de François d’Assise (1950) lorsqu’il a accepté la suggestion de réaliser avant son demi-siècle « quelque chose qui l’engage physiquement », « comme Sylvain Tesson ». L’idée a ainsi germé d’effectuer à pied le « Chemin d’Assise », partant en principe de Vézelay, dans l’Yonne, mais raccourci par facilité au Valais. Et ce périple, Etienne Van der Belen a décidé de le raconter, seul en scène, dirigé par Pascal Crochet.

Cette entreprise ne va pas sans rappeler un autre monologue récent, Les Voies sauvages, où Cédric Juliens portait la parole de Dominique De Staercke, retraçant son défi de grimper les 82 sommets des Alpes de plus de 4000 mètres. Ici, c’est moins haut et c’est moins long, mais l’aventure, par la nature même du chemin suivi, se teinte a priori de spiritualité, dimension annoncée par le titre Gioia perfetta, « joie parfaite » en italien, conception du bonheur expliquée par le saint à tonsure dans le film de Rossellini.

Voilà donc Etienne Van der Belen, armé de son sac à dos, de ses chaussures en cuir (à l’extérieur mais aussi à l’intérieur), de son crédencial (le passeport du pèlerin), de ses gourdes et de son saucisson, prêt pour le voyage, racontant mais aussi incarnant les membres de son entourage et les personnes croisées en chemin, soutenu de temps à autre par des vidéos home made de ses pieds ou de son ombre sur la route et par des voix enregistrées lors de son périple.

Le degré d’inclinaison du chemin, la température, la difficile digestion d’un repas piémontais, l’achat de timbres, le bruit des dortoirs ou encore la quête des balises à colombe : on ne dépasse malheureusement guère l’anecdotique, on s’loigne peu de la surface. Et lorsqu’on entrevoit la possibilité d’une ascension dans la voix d’une jeune femme tentant de décrire ce qu’est pour elle cette fameuse « joie parfaite », le comédien coupe court en mimant l’ennui et l’endormissement, pour une diversion humoristique. Au final, l’expédition est sympathique, drôle parfois, attendrissante aussi (avec notamment le personnage de cette grand-mère qui avait ému dans A ta folie!, autre solo du même comédien), mais on en attendait franchement plus.

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