Critique

[critique ciné] Saint-Nicolas est socialiste, de David Leloup

Ils se rêvaient lanceurs d’alerte à la Publifin, et pourtant… Roger Boeckx et Filippo Zito, conseillers communaux de l’opposition à Saint-Nicolas, commune liégeoise dominée depuis plus d’un siècle par le parti socialiste, aspirent à donner un bon coup de pied dans la fourmilière de la politique locale.

Avec ce documentaire frondeur et souvent cocasse, David Leloup met en scène un duo de cinéma qui n’est pas sans rappeler un autre duo fictionnel célèbre. De fait Roger et Filippo, sorte de Don Quichotte et Sancho Panza de la politique locale belge, semblent souvent lutter contre les moulins à vent, non sans faire de petits arrangements avec leurs propres convictions. C’est une véritable guerre d’usure qu’ils mènent pour plus de transparence dans la vie publique et politique. Si le ton est léger, et les personnages attachants dans leur énergie, leurs faiblesses et leurs contradictions, le film met surtout en lumière une crise de confiance à deux vitesses vis-à-vis de la classe politique. Autant ce que d’aucuns surnomment les baronies locales du PS semblent bénéficier d’une confiance éternellement renouvelée, autant le reste de la classe politique doit lutter, sur le terrain et ailleurs, pour faire oublier les scandales. Des scandales qui ne suffisent donc pas à déboulonner les alliances locales. Mandat après mandat, élection après élection, c’est la même rengaine. Si les visages changent, les méthodes restent. On s’amuse ainsi autant qu’on désespère de ce qui ressemble fort à un statu quo. Les rêves de transparence et d’indépendance ont tôt fait de se briser en éclats face à la résistance d’une caste politique qui a résolument la peau dure.

Documentaire. De David Leloup. 1h34. Sortie: 24/11. ***

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