[Critique ciné] Joy: je vends, donc je suis

Jennifer Lawrence dans Joy de David O'Russell © DR
Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

FILM BIOGRAPHIQUE | Où il est question de self-made-woman, de téléachat, de serpillère magique et d’une actrice épatante: Jennifer Lawrence.

Je vends, donc je suis… A l’heure où le consumérisme imposait son rythme à toute la société américaine, en surfant sur le triomphe des émissions de téléachat, une jeune trentenaire douée pour les inventions créait la serpillière magique (Miracle Mop) devenant une des self-made-women les plus populaires de l’histoire économique et médiatique. Joy Mangano aura 60 ans au mois de mai prochain. Et voit son parcours exemplaire de la libre entreprise et du rêve américain porté à l’écran dans un film aux qualités nombreuses. La toute première étant d’offrir le rôle de Joy à une Jennifer Lawrence bien partie pour devenir l’Actrice (avec un grand A) de sa génération aux Etats-Unis. Lancée définitivement par son personnage de Katniss Everdeen dans la saga de Hunger Games, la native du Kentucky s’était déjà illustrée dans Winter’s Bone (avec -à 20 ans seulement- une première nomination à l’Oscar), et allait confirmer dans Happiness Therapy, raflant l’Oscar et le Golden Globe! Celle qui poursuit par ailleurs la série des X-Men (elle y joue Raven alias Mystique) fait feu de tout bois dans un Joy qu’elle porte de bout en bout, suscitant l’admiration visible d’un Robert De Niro par ailleurs excellent dans le rôle de son père.

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Conte de fées moderne

La Lawrence passe avec une aisance confondante de la dèche affective et professionnelle au réveil du talent et de l’ambition, puis à la réussite venant enfin après plusieurs échecs. Sa performance réjouissante est le meilleur d’un film où David O’Russell (Three Kings, The Fighter, Happiness Therapy) joue la carte du biopic avec une belle efficacité. L’évocation de l’univers domestique et familial hautement dysfonctionnel de Joy est un régal ambigu, celle de l’empire du téléachat amuse et glace à la fois. Car si le film ne remet pas en cause la logique capitaliste incarnée par son héroïne, il use plus d’une fois de l’arme de l’humour pour en épingler la dureté et la propension à s’autocaricaturer. Il évoque aussi, plus sérieusement, ce que peut perdre sur le plan personnel celle ou celui qui gagne aux yeux du monde et de son banquier… Mais le propos de Joy reste l’exaltation de la créativité, de la persistance, du défi au risque, qu’incarne son héroïne. Au point de donner au récit des allures de conte de fées moderne et féministe. Avec cette petite touche ironique faisant d’une serpillière, hautement symbolique de la réduction de la femme aux tâches ménagères, l’instrument de l’indépendance de sa créatrice…

DE DAVID O’RUSSELL. AVEC JENNIFER LAWRENCE, ROBERT DE NIRO, BRADLEY COOPER. 2H03. SORTIE: 13/01.

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