Critique

[Critique ciné] Ghost in the Shell, coquille à moitié pleine

Scarlett Johansson dans Ghost in the Shell de Rupert Sanders. © Paramount Pictures
Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

SCIENCE-FICTION | Le grand manga cyberpunk est adapté pour la première fois en « live action », avec un résultat mitigé.

Pendant une heure environ, le spectacle présenté peut faire craindre que la coquille du titre, pour séduisante qu’elle soit, ne s’avère tristement vide. Et puis vient le crescendo vers un dénouement qui ne va pas seulement donner un peu d’épaisseur à des personnages jusque-là tragiquement peu développés. Un crescendo dans l’action mais aussi l’émotion. Avec, surtout, un retour longtemps repoussé à l’essence même de Ghost in the Shell, le manga remarquable dont le film est la première adaptation en prises de vue réelles. Même esthétisées, les mutations sont cruelles, qui déchirent les corps des protagonistes en même temps qu’une mémoire retrouvée déchire leur coeur et leur âme. Pour ce long final très beau et attachant, on ne condamnera pas une transposition qui n’avait pourtant jusque-là proposé qu’une action répétitive dans des décors certes sublimes mais inhabités.

Précédé de quatre films et de trois séries télévisées d’animation, de trois créations « direct to video » et de quatre jeux sur PlayStation et PC, le nouveau Ghost in the Shell ne tire ainsi qu’un parti mitigé du récit mettant en scène une policière de choc faite d’un cerveau humain et d’un corps synthétique. Un cyborg au féminin que Scarlett Johansson joue avec sa présence toujours singulière, athlétique et sexy, mais intelligente aussi. Et ce dans un cadre futuriste où les intérêts du gouvernement (défendus par Takeshi Kitano!) et d’une assez louche société privée tendent à se confondre…

Images réelles, vraiment?

[Critique ciné] Ghost in the Shell, coquille à moitié pleine

Le manga de Masamune Shirow (auteur également d’Appleseed) avait vu le jour en 1989 dans l’hebdomadaire de bande dessinée Young Magazine, publication du puissant éditeur Kodansha. Il s’inscrit dans une tendance cyberpunk que le réalisateur Shinya Tsukamoto portait la même année à incandescence dans son fulgurant Tetsuo. Shirow donna deux suites à son manga: Ghost in the Shell 2: Man-Machine Interface et Ghost in the Shell 1,5: Human Error Processor. Aujourd’hui âgé de 55 ans, que peut-il bien penser d’un film osant braver le sentiment général d’inadaptabilité collant à son oeuvre (Appleseed n’a jamais suscité de film en « live action »)? L’incarnation d’une actrice américaine ne le choquera sans doute pas, dans le contexte d’une coproduction entre Hollywood et… la Chine. L’atmosphère visuelle, un peu trop propre sans doute même si riche en images mémorables, l’invitera peut-être à ironiser sur ce cinéma « live action » colonisé par le CGI (à chaque plan) au point de relativiser lui-même son propre concept. Le génial Blade Runner inspiré à Ridley Scott par Philip K. Dick en 1982 -et dont l’influence sur Ghost in the Shell est certaine- reste le sommet d’une science-fiction jouant des paradoxes entre totalitarisme machinal et humanité « améliorée ». Les androïdes y étaient bien plus complexes, l’émotion plus profonde, et le spectacle total.

De Rupert Sanders. Avec Scarlett Johansson, Pilou Asbaek, Michael Pitt. 1h46. Sortie: 29/03. ***

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