Critique

[Critique ciné] Doubles vies, un impeccable carré de comédiens

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Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

COMÉDIE DRAMATIQUE | Olivier Assayas s’aventure dans l’univers en apparence feutré de l’édition à l’heure de la révolution numérique.

[Critique ciné] Doubles vies, un impeccable carré de comédiens

De Demonlover à Personal Shopper, le cinéma d’Olivier Assayas s’est régulièrement employé à prendre le pouls d’un monde changeant. Ainsi, aujourd’hui, de Doubles vies, un film s’aventurant dans l’univers en apparence feutré de l’édition à l’heure de la révolution numérique. C’est dans ce milieu qu’évoluent Alain (Guillaume Canet), un éditeur pragmatique confronté aux bouleversements d’une époque dont « il faut changer le logiciel », Selena (Juliette Binoche), actrice qui se verrait bien incarner Phèdre mais qui, à défaut, joue les flics dans une série télévisée, Léonard (Vincent Macaigne), un écrivain autocentré aux ventes fléchissantes, Valérie (Nora Hamzawi), assistante parlementaire et compagne de ce dernier, et quelques autres encore. Et ce petit aréopage de se multiplier en discussions de salon peuplées de réflexions sur le basculement de l’écrit aux écrans et sur une époque « narcissique ». À quoi vient se greffer un méli-mélo sentimental que l’on se gardera de démêler ici -doubles vies, le titre du film, y trouve des déclinaisons multiples-, l’auteur, du reste, préservant à ce marivaudage une certaine ambiguïté…

Filmer les affres d’intellectuels parisiens en butte aux changements frappant leur environnement (tweets, blogosphère…), voilà qui risquait de tourner à l’entre-soi germanopratin un peu vain. Un écueil que Doubles vies n’élude pas totalement (pas plus d’ailleurs que celui, parfois, d’une obsolescence prématurée, comme lorsqu’il aborde l’e-book), mais qu’Assayas réussit toutefois à transcender, par la grâce, d’abord de l’écriture, ciselant avec art les longs blocs de dialogues qui charpentent le film. Et ajoutant à un ensemble certes verbeux, une distance ironique bienvenue, qui relève judicieusement le foisonnant débat d’idées d’une coloration parfois proche de la satire. Non sans élargir son propos à l’exploration du couple sur le long cours, dimension intime incarnée en nuances multiples par un impeccable carré de comédiens, le film révélant au passage la formidable Nora Hamzawi.

D’Olivier Assayas. Avec Guillaume Canet, Vincent Macaigne, Juliette Binoche. 1h46. Sortie: 23/01. ***(*)

>> Lire également notre interview d’Olivier Assayas.

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