Critique

[critique ciné] Cry Macho, de et avec Clint Eastwood: Stetson bas…

Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Indécrottable Clint Eastwood qui, à 91 ans (depuis le 31 mai), se pique encore dans Cry Macho, le visage fripé et le corps cassé, de débourrer des chevaux sauvages, voire de faire occasionnellement le coup de poing, tout en dispensant, avec un sourire en coin, des échantillons d’une philosophie et d’opinions paradoxales accumulés avec l’expérience.

Se déroulant à la toute fin des années 70, le film -son 39e comme réalisateur- met en scène Mike Milo (Eastwood), star déchue du rodéo reconvertie en éleveur de chevaux, traversant une (très) mauvaise passe. Au point de n’avoir d’autre option que d’accepter la mission délicate que lui confie son ex-boss (Dwight Yoakam) pour solde de tout compte: aller chercher son fils de 13 ans au Mexique où il serait maltraité par sa mère (Fernanda Urrejola) afin de le ramener aux États-Unis. Il y a anguille sous roche, comme il se doit, la volcanique madre ne l’entendant pas de cette oreille et ayant quelques porte-flingues à son service pour se faire comprendre, tandis que Rafo (Eduardo Minett), l’ado-rebelle livré à lui-même pour l’essentiel, semble plutôt réticent à suivre le gringo, à quoi il préfère les combats de coqs illégaux. Pas de quoi décourager Clint cependant, qui embarque le gamin dans une équipée à travers le Mexique, avec la frontière texane en ligne de mire…

On devine assez rapidement où tout cela va mener, et peu importe à vrai dire, l’essentiel n’étant pas là mais dans la saveur de cette équipée mexicaine qu’Eastwood mène en toute décontraction, sans toutefois verser dans l’excès de désinvolture.

Jouer avec la légende

Voilà quelques films maintenant que l’acteur-réalisateur s’amuse à jouer avec sa légende, Cry Macho s’inscrivant à cet égard dans la lignée des Gran Torino ou The Mule, également scénarisés par Nick Schenk d’ailleurs. Débutant dans une lumière crépusculaire, le film voit donc Clint endosser ses habits de cow-boy fatigué, comme pour mieux convoquer les fantômes d’un passé qu’il envisage avec une pointe d’autodérision -« All this macho thing, it’s over-rated« , ne se fera-t-il faute d’observer. Le temps du repos du guerrier semble venu, qui pourrait bien avoir les traits de Marta (Natalia Traven), tenancière d’une cantina rencontrée en cours de chemin. En attendant quoi, le récit suit son cours quelque peu distendu, modeste mais pas moins plaisant pour autant, road-movie tendance buddy dont les deux protagonistes apprennent à s’apprivoiser puis à s’apprécier, l’histoire croisant les thèmes de la rédemption et de la transmission, tandis que tueurs et flics se relaient à leurs trousses. Et le film, en plus du Gran Torino susmentionné, de rappeler A Perfect World, dont il renoue avec une part de la mélancolie, s’inscrivant limpidement dans la continuité de l’oeuvre. Stetson bas…

De et avec Clint Eastwood. Avec Eduardo Minett, Natalia Traven. 1h44. Sortie: 10/11. ***(*)

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