Comment le tax shelter a boosté le secteur des arts de la scène

Présenté à l'abbaye de Villers-la-Ville, Capitaine Fracasse a bénéficié du tax shelter. © SDP
Estelle Spoto
Estelle Spoto Journaliste

Le tax shelter appliqué aux arts de la scène a connu de jolis débuts en 2017. Un boost bienvenu pour tout un secteur.

Le domaine de l’audiovisuel profite du principe depuis 2004: grâce au tax shelter (littéralement « abri antitaxe », ça a le mérite d’exprimer clairement les enjeux), des sociétés belges ou étrangères établies en Belgique peuvent investir dans une oeuvre et bénéficier en échange d’un avantage fiscal (exonération à concurrence de 310% des sommes effectivement versées et rendement supplémentaire sur ces mêmes sommes). En 2015, près de 140 millions d’euros ont été injectés par les six principales sociétés belges actives. La loi du 25 décembre 2016, entrée en vigueur le 1er février dernier, a élargi le tax shelter aux arts de la scène, en spécifiant bien qu’il doit s’agir d’une « production scénique originale », c’est-à-dire « une production théâtrale, de cirque, de théâtre de rue, d’opéra, de musique classique, de danse ou de cabaret en ce compris la comédie musicale et le ballet, ainsi que la production d’un spectacle total, dans laquelle le scénario, le texte théâtral, la régie ou la scénographie est nouveau, ou qui concerne une réinterprétation ».

Tout en soulignant que les pouvoirs subsidiants ne pouvaient profiter de ces nouveaux capitaux privés pour se défiler, le secteur a accueilli plus que favorablement cette mesure et de nombreuses productions ont pu en profiter dès cette année. Ainsi, par exemple, de Capitaine Fracasse, le traditionnel spectacle estival de l’abbaye de Villers-la-Ville, dont la société de production, DEL Diffusion, a été la première à recevoir l’agrément. Ainsi aussi du théâtre de Liège, où toutes les créations (Last Exit to Brooklyn, Spam, Conversation avec mon père, à voir actuellement, Moutoufs, créé en janvier prochain…) ont directement été « tax-shelterisées ». En collaboration avec le théâtre Jean Vilar de Louvain-la-Neuve, l’institution liégeoise a même organisé une soirée de présentation du concept où étaient invités les investisseurs locaux. Parmi les autres opérateurs, certains se sont regroupés au sein de la Coop, constituée en mars, qui annonçait en novembre déjà plus de deux millions d’euros de fonds levés pour 36 projets différents. Espérons seulement que le système, exigeant un minimum de compétences juridiques et fiscales, ne profitera pas uniquement aux grosses maisons.

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