Comme à la guerre

Récemment devenu père, Julien Blanc-Gras, voyageur professionnel habitué pourtant à se catapulter au coeur des troubles du monde, raconte ici l’expérience anxiogène de l’omniprésence d’un autre type de danger: celui qui guette au pied de l’immeuble quand on est flanqué d’un marmot cavaleur (qui plus est, dans une capitale européenne rompue à la permanente possibilité d’un attentat). Cette réflexion sur la paternité en période hypertendue, où  » Dieu recrut[e] large avec son grand entonnoir à frustrations« , l’envoie enquêter sur les expériences de guerre de ses grands-pères, qui n’ont pourtant jamais fait grand cas de leurs exploits passés comme de leurs errances et souffrances, sous l’uniforme, à l’époque où l’Europe exsudait sang et horreurs. Ce va-et-vient permanent entre deux temporalités disjointes à plus d’un titre, entrecoupé de lettres à son propre fils postées des quatre coins du monde, touche à l’universel sans se prendre au sérieux -l’auteur ayant su prouver de livre en livre qu’il maîtrisait en expert un inédit cocktail de sensibilité et d’humour, ici poussé très loin:  » S’ils n’appartient pas aux parents de décider de la destinée de leurs enfants, il est de notre responsabilité morale de ne pas en faire des crevures. » Ce qui devrait figurer, effectivement, en première ligne des manuels d’éducation.

de Julien Blanc-Gras, ÉDITIONS Stock, 288 pages.

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