Si le clip en tant que tel plonge ses racines plusieurs décennies plus tôt, c’est en 1981, avec le lancement de MTV – sur le Video Killed The Radio Star des Buggles, tout un symbole donc… -, qu’il entre pleinement dans la culture populaire et commence véritablement à exister en tant qu’objet sériel. Etrange décennie dès lors que ces années 2000 qui auront vu quelques-uns de ses créateurs phares – de Michel Gondry à Anton Corbijn en passant par Spike Jonze, Jonathan Glazer ou Mark Romanek – migrer vers le cinéma tandis qu’il se trouvait de plus en plus délaissé par la télévision, sa quasi raison d’être jusque-là. Morte et enterrée la vidéo musicale? C’était sans compter sur l’essor foudroyant de YouTube et autres hébergeurs apparentés, qui allaient lui offrir une nouvelle vie, quelque peu différente de la précédente d’ailleurs. La bonne idée tend à prendre le pas sur les gros moyens, le bricolage sur la finition; c’est le règne du Do It Yourself, de la création virale et de la multiplication des déclinaisons ( fanmade vidéos, parodies, détournements…). Et les nouvelles technologies de côtoyer l’artisanat pur et dur pour une décennie placée sous le signe du mélange des genres et de l’hétéroclisme, dans le fond comme dans la forme. Stop motion, animation, collage, images de synthèse… se fondent dans un grand bain pixellisé où la popularité se mesure au nombre de clics, l’impact au nombre de comments. Le clip et son buzz éclair, vers l’au-delà et l’infini?

zombie zombie: « driving this road until death sets you free »

De Simon Gesrel et Xavier Ehretsmann, 2008.

Décennie marquée par un retour insistant vers les eighties, les années 2000 auront vu les vidéoclipeurs de tout poil puiser généreusement dans leur vieux coffre à jouets. Et multiplier les clins d’£il au cinéma de leurs jeunes années. Ici, un hommage maniaque, réalisé en stop motion avec des GI Joe en plastoc, à La Chose de Carpenter. Geek au possible. Jouissif à mort. N.C.

the white stripes: « fell in love with a girl »

De Michel Gondry, 2002.

Sans doute le vidéoclipeur le plus inventif de ces 2 dernières décennies. Rien que pour les années 2000, on pourrait haut la main citer 10 clips essentiels signés Gondry (pour Radiohead, les Chemical, Kylie Minogue…). Pour les White Stripes, il bricole, dans cet esprit ultra ludique qui est sa marque de fabrique, un génial collage pop en mouvement à base de briques Lego. L’enfance de l’art. N.C.

Aphex Twin: « Rubber Johnny »

De Chris Cunningham, 2005.

Beaucoup plus discret que durant les nineties, le maître du clip anxiogène n’en signe pas moins ici l’une de ses £uvres les plus barrées, inspirée par le Afx237 v.7 d’Aphex. Près de 4 ans auront été nécessaires à Chris Cunningham pour élaborer, réaliser et finaliser ce court sondant les transformations cauchemardesques d’un enfant mutant et hyperkinétique enfermé dans une cave. Flippant. N.C.

Grizzly Bear: « Knife »

De Encyclopedia Pictura, 2007.

On aurait tout aussi bien pu choisir la vidéo du Wanderlust de Björk, réalisée par le même collectif au pseudonyme savant. Encyclopedia Pictura ou une fenêtre ouverte sur la création vidéo musicale de demain, consacrant les noces heureuses entre nouvelles technologies et anarcho-primitivisme. En 2007, il bricole dans la Death Valley un ovni visuel, beau à couper le souffle, pour les futurs sauveurs du rock indé. N.C.

OK Go: « Here It Goes Again »

De Trish Sie, 2006.

La parfaite illustration du développement viral des vidéos musicales. Ou comment un très mauvais groupe de pop rock ricain parvient à s’attirer un buzz incroyable sur le Web avec une bonne idée et trois bouts de ficelle. Il faut dire que les chorégraphies farfelues de ses quatre membres sur tapis roulants sont carrément irrésistibles. Singé et parodié des dizaines de fois. Jamais égalé. N.C.

Justice: « D.A.N.C.E. »

De Jonas & François, 2007.

As plus ou moins finauds de la récup’ musicale, les deux zigs de Justice soignent leur image, notamment via des vidéos abonnées au buzz. Dix fois plus intéressant que celui de Stress, et sa polémique à 2 francs 6 sous, le clip de D.A.N.C.E. , réalisé par le tandem Jonas & François sur des animations de So Me, capte quelque chose de l’air du temps, tout en visuels et logos flashants. Techniquement bluffant. Et super fun. N.C.

LFO: « Freak »

De Daniel Lévi, 2003.

Au confluent du cinéma d’Hideo Nakata ( Ring, Dark Water) et du travail de Chris Cunningham, le Sud-Africain Daniel Lévi signe pour le LFO de Mark Bell cette vidéo particulièrement dérangée qui voit quelques lolycéennes asiatiques péter sérieusement un câble dans l’aire de jeu de la cour de récré. Avant de muter peu à peu en créatures monstrueuses. « This is going to make you freak. » En effet… N.C.

Fatboy Slim: « Weapon Of Choice »

De Spike Jonze, 2001.

Multi récompensée, la vidéo qui rappela à toute une génération le passé d’acteur de comédie musicale de Christopher Walken. A quasi 60 ans, l’inoubliable Nick du Deer Hunter de Michael Cimino s’y illustre en dansant et volant avec la classe placide que l’on sait à l’intérieur d’un grand hôtel désert (un Marriott à Los Angeles). Une certaine définition de l’élégance. N.C.

the knife: « We Share Our Mother’s Health »

De Motomichi Nakamura, 2006.

The Knife, formation majeure particulièrement attachée à son image, aura marqué la décennie de son empreinte tout à fait singulière. Autant dire que la rencontre avec Motomichi Nakamura relevait de l’évidence. Jeune vidéaste japonais adepte d’un cyber art se limitant à 3 couleurs, Nakamura compose pour le duo suédois un cauchemar animé rien moins que fascinant. N.C.

Gorillaz: « Clint Eastwood »

De Jamie Hewlett, 2001.

Si la décennie aura fait la part belle aux clips réalisés en animation, peu pourront ceci dit se targuer de la cohérence de l’univers visuel imaginé par Jamie Hewlett, dessinateur de Tank Girl, pour Gorillaz. Première d’une belle série, la vidéo de Clint Eastwood déchire et multiplie savoureusement les références à la culture zombie (de Dawn Of The Dead à Braindead en passant par Thriller). N.C.

Nicolas Clément

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