Snake Dance: la petite histoire de la bombe atomique, dans le plus grand silence

Le pianiste japonais Jun Kanno interprète des airs de Chopin et Beethoven dans le film, où il apparait aussi en tant que témoin. © Manu Riche
Fanny Betermier Stagiaire

Pour fêter 150 ans de relation entre la Belgique et le Japon, Bozar organise un évènement combinant documentaire, histoire et musique en proposant Snake Dance – The Recital. Un documentaire esthétique et calme, faisant se croiser science et mysticisme sur le chemin de l’arme la plus destructrice de l’histoire.

Tout commence par un piano dans une salle vide à Nagasaki au Japon. Un homme s’assoit et joue la sonate n°8 de Beethoven, la « Pathétique », en commençant par le milieu, la partie calme. Puis le voyage, fruit de la collaboration entre le réalisateur belge Manu Riche et l’auteur anglo-irlandais Patrick Marnham, commence. D’abord au Nouveau-Mexique, où débutent les recherches sur l’arme nucléaire. Puis au Congo, terre des mines d’uranium, où la colonisation belge a laissé la place à une longue guerre civile. Enfin au Japon qui fut le terrain de « test final » des bombes et qui doit à nouveau faire face au problème nucléaire depuis l’accident de Fukushima. C’est aussi l’histoire croisée de plusieurs hommes. Celle d’Aby Warburg, historien de l’art et anthropologue allemand, qui étudia les pratiques des indiens proches de Los Alamos 50 ans avant qu’y débute le projet Manhattan. Là où J. Robert Oppenheimer avait trouvé une cabane où vivre calmement avec ses enfants avant que les plus grands scientifiques du monde y construisent la solution ultime pour mettre fin à la guerre. C’est surtout le récit des hommes et des femmes qui ont vécu ces différents évènements ou vivent toujours sur ces terres.

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Riche et Marnham donnent le plus grand rôle de ce documentaire de 2012 aux paysages, presque panoramiques, qui illustrent leur parcours. La combinaison du son et de l’image donne une esthétique très graphique, colorée et lumineuse. Une couche de spirituel s’ajoute par un comparatif constant entre le rituel de la danse du serpent qui permettait aux indiens de vaincre leurs peurs, la folie de Warburg et la réflexion qui poussa certains pays à se doter de l’arme nucléaire. Mais pendant les 75 minutes que le documentaire prend à s’écouler, ce qui frappe le plus est le silence. Le silence au début, le silence entre les plans, quand on n’essaye encore de deviner dans quelle partie du monde cette séquence nous entraine, le silence à la fin, pour nous laisser une fois de plus réfléchir à ce que serait le monde sans la menace atomique. De très nombreux moments pendant lesquels on regarde l’écran en silence, pendu aux lèvres de Patrick Marnham pour qu’il nous délivre le commentaire suivant. Ce silence est parfois brisé par un témoignage ou un air de Beethoven ou Chopin interprété par Jun Kanno. Ça sera aussi le cas lors des récitals qui suivront les projections des jours à venir. Des morceaux qui, pour l’anecdote, distrayaient les scientifiques qui travaillaient sur la bombe atomique. Si on dit souvent que le silence après Mozart est toujours du Mozart, ici le silence après l’histoire en fait tout autant partie.

Snake Dance – The Recital est à voir le 7 septembre au cinéma Zuid d’Anvers, le 8 au Minard de Gent et le 11 à Bozar. Plus d’informations sur le site de Bozar.

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