Rétro 2016: Netflix et Amazon font leur cinéma

Netflix a notamment acheté Divines, Caméra d'or 2016 à Cannes. © DR
Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

Les poids lourds du streaming et du commerce en ligne bousculent le paysage du cinéma: désormais, le 7e art ne passe plus forcément par la case grand écran.

Les lignes bougent du côté de la production et de la distribution dans le cinéma. On se rappelle qu’en 2013, Netflix, géant américain du streaming à la demande (après avoir démarré son business dans la location de DVD à distance), décidait de créer lui-même des contenus spécifiques à son abonnement. Ce fut la série House of Cards, succès que l’on sait, suivi d’une ribambelle d’autres programmes damant le pion aux chaînes télé et asseyant pour de bon le phénomène du « binge watching » (visionnage en rafale d’épisodes disponibles d’un coup). Mais l’entreprise californienne ne comptait bien sûr pas en rester là, lorgnant bientôt avec insistance la distribution de films. L’an dernier, Netflix se payait ainsi la diffusion internationale et exclusive de Beasts of No Nation, long métrage que Cary Fukunaga (le film Jane Eyre, la première saison de la série True Detective) consacrait aux enfants soldats. « Netflix a fait une offre qu’on ne pouvait pas refuser », nous confiait-il alors. Depuis, les exemples se sont multipliés, de la suite de Tigre et Dragon à celle de Pee-Wee, dans une imparable logique de « win-win »: tandis que le géant du streaming étoffe son catalogue, les films se voient offrir la garantie de toucher un public plus large qu’ils ne l’auraient fait en salles. En mai dernier, à Cannes, c’était ainsi au tour du Divines, de Houda Benyamina, révélation incendiaire et future Caméra d’or, d’être acheté par Netflix pour une diffusion directe dans les foyers de certains pays, comme la Belgique notamment. « Qu’on le veuille ou non, aujourd’hui, la démocratisation de la culture passe aussi par Netflix », assène la gouailleuse réalisatrice.

Le modèle, en tout cas, fait des émules. Netflix a ouvert la voie. A Amazon, notamment, qui, via son émanation Amazon Studios, investit dans le cinéma indépendant en acquérant les droits de distribution américains des films en salles et en VOD. Ce fut le cas cette année de Café Society de Woody Allen, de The Neon Demon de Nicolas Winding Refn ou de l’épatant Paterson de Jim Jarmusch. Entre autres. Amazon, ou l’avenir du cinéma indé US? Affaire à suivre, bien sûr, avec les prochains longs métrages de Todd Haynes, Lynne Ramsay ou James Gray, mais le constat est là: les lignes de démarcation entre les supports se brouillent, et la sacro-sainte chronologie des médias se retrouve sens dessus dessous.

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