Pourquoi Potiche n’était pas à Cannes en 2010

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La comédie de François Ozon a été présentée au comité de sélection du Festival de Cannes. Et s’est finalement retrouvée à la Mostra de Venise. Les avis divergent sur le pourquoi du comment.

Dans une première version de l’article sur les ventes de Potiche à l’international, figurait une citation de François Ozon : « Le comité de sélection du Festival de Cannes a rejeté le film parce qu’ils craignaient que c’était trop franchouillard pour les étrangers ». La phrase a disparu car, pour anecdotique et néanmoins amusante qu’elle était par rapport au sujet (la carrière du film à l’étranger), elle méritait un droit de réponse, en l’occurrence celui de Thierry Frémaux, directeur artistique de la manifestation.

Qui ne s’est pas fait prier pour remettre quelques pendules à l’heure : « Le producteur Eric Altmayer voulait que le film soit présenté en ouverture. Nous préférions un long-métrage qui sorte simultanément dans les salles, d’où le choix de Robin des Bois de Ridley Scott. Eric Altmayer et le distributeur Stéphane Célérier ont alors demandé à ce que la comédie soit programmée hors compétition durant le premier week-end. C’était impossible, car nous avions déjà trois long-métrages hors compétition prévus à ce moment-là. A sept jours de la conférence de presse du Festival, et après la défection de Terence Malick, qui n’avait pas fini son film à temps, on est revenu vers Eric Altmayer. Qui nous apprend que Potiche est d’ores et déja pris à la Mostra de Venise ».

Et le directeur artistique du Festival de Cannes de conclure en deux points:
« 1. On a rejeté le film parce que c’était trop franchouillard: c’est faux. Même s’il est vrai qu’on se pose toujours la question de l’effet qu’un long-métrage produira sur un public international. On se l’est posée pour La Princesse de Montpensier, pour Des hommes et des dieux et pour Tournée.
2. On n’a pas refusé le film parce que nous ne l’aimions pas, mais parce que nous n’avons pas trouvé un terrain d’entente avec le producteur et le distributeur. »

Précisons que François Ozon n’était pas très enthousiaste à l’idée de présenter son film à Cannes. Précisons également que les fantasmes générés par le fonctionnement de son comité de sélection et les choix qui en résultent servent finalement les long-métrages qui sont recalés. En clair, nombre de responsables n’hésitent pas à pointer du doigt l’organisation du Festival quand leur film, encensé par la presse comme ce fut le cas récemment pour Les Mystères de Lisbonne, n’est pas passé par la Croisette.

C’est la règle du jeu. Les tenants de la plus grande manifestation cinématographique du monde sont attendus au tournant, et la moindre erreur de jugement leur colle au train un bon moment. Ainsi, bien que survenu sous une autre direction artistique, le refus du Fabuleux destin d’Amélie Poulain est encore dans tous les esprits.

On peut aussi voir la potiche à moitié pleine: si le comité actuel avait refusé Entre les murs de Laurent Cantet, Un prophète de Jacques Audiard, Tournée de Mathieu Amalric et Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois, on serait passé à côté d’une Palme d’Or, deux Grands prix et un Prix de la mise en scène.

Christophe Carrière

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