Oscars: Chloé Zhao, nomade du septième art

Troisième long métrage de Chloé Zhao, Nomadland a raflé la mise aux Oscars ce dimanche. © iStock
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Troisième long métrage de Chloé Zhao, Nomadland a raflé la mise aux Oscars, repartant avec les trophées du meilleur film et de la meilleure réalisatrice. Un prix que seule une autre femme, Kathryn Bigelow, avait remporté auparavant. C’était en 2010, pour Démineurs.

La consécration déjà, pour son troisième long métrage à peine. En remportant, dans la nuit du dimanche 25 au lundi 26 avril, les Oscars du meilleur film et de la meilleure réalisatrice pour Nomadland (assortis de celui de la meilleure actrice pour Frances McDormand), Chloé Zhao est entrée, à même pas 40 printemps, dans l’histoire.

Onze ans après Kathryn Bigelow, couronnée en 2010 pour Démineurs, la cinéaste chinoise installée aux Etats-Unis n’est jamais, en effet, que la seconde femme (et la première non blanche) sacrée dans la catégorie reine en 93 éditions des Academy Awards. Pas une surprise, à vrai dire, tant Nomadland faisait figure d’ultra-favori au Lion d’or incontesté de la Mostra de Venise en septembre dernier, étant venus s’ajouter les Baftas et autres Golden Globes, parmi les 230 prix glanés par le film à ce jour. Et encore moins un scandale: accompagnant une femme partie rejoindre les cohortes de nomades des temps modernes jetés sur les routes par la crise, pour dériver ensuite dans l’espace américain de petits boulots en emplois incertains, ce road movie porte un regard aiguisé sur le monde contemporain et sa réalité précaire, qu’il assortit d’un puissant appel de liberté.

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Chlou0026#xE9; Zhao, lors de la cu0026#xE9;ru0026#xE9;monie des Oscars 2021

Transcender la mythologie américaine

Originaire de Pékin, où elle est née en 1982, Zhao quitte la Chine à l’âge de 15 ans, quand ses parents l’envoient poursuivre ses études en Grande-Bretagne d’abord, aux Etats-Unis ensuite. Direction le Massachusetts, où elle étudie les sciences politiques au Mount Holyoke College, avant d’embrayer sur la production cinématographique à la Tisch School of Arts de New York, où elle compte Spike Lee parmi ses professeurs.

Une poignée de courts métrages plus tard, la jeune réalisatrice passe, en 2015, l’épreuve du long, inscrivant Songs My Brother Taught Me dans les paysages arides du Dakota du Sud et de la réserve indienne de Pine Ridge, pour embrasser d’un regard quasi documentaire les existences cabossées de marginaux en rupture de rêve américain. Un tropisme que confirme, deux ans plus tard, The Rider, l’histoire d’un jeune champion de rodéo tentant de trouver un sens à son existence après qu’un accident tragique a refermé son horizon.

Et un film dont la beauté crépusculaire achève de poser Chloé Zhao en cinéaste indépendante à suivre, statut confirmé de Cannes, où elle est primée à la Quinzaine et Deauville, dont elle repart avec le Grand Prix. Inspiré du roman éponyme de Jessica Bruder, Nomadland élargit sensiblement le spectre de son cinéma – le film est distribué par un studio, Searchlight Pictures, et c’est la première fois qu’elle travaille avec une star, fût-elle aussi atypique que Frances McDormand. Il témoigne aussi de son obsession récurrente pour les laissés-pour-compte, la cinéaste y arpentant les vallons tourmentés de l’existence, dans des étendues sublimées par la photographie de Joshua James Richards, le chef opérateur de ses trois longs métrages et son companon à la ville.

Outsider par choix, Chloé Zhao a ancré son cinéma dans la mythologie américaine comme pour mieux la transcender. Son prochain projet la verra, du reste, explorer un autre pan de la culture états-unienne puisqu’elle se frottera, dans Eternals, à l’univers Marvel. En nomade du septième art.

Dates clés

1982 Naissance à Pékin.

1997 Etudes à Brighton, en Angleterre, avant de rejoindre les Etats-Unis.

2015 Premier long métrage, Songs My Brother Taught Me .

2021 Oscar de la meilleure réalisatrice et du meilleur film pour Nomadland.

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