FIFF, Film Fest Gent, Festival en ville: une rentrée cinéma

Roubaix, une lumière
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

De Namur, la francophone, à Gand, et ses variations musicales, en passant par le nouveau venu en ville, zoom sur les festivals de saison.

Namur, des films et un insoumis

Festival international du film francophone, du 27/09 au 04/10. www.fiff.be

C’était en 1986: le premier festival cinématographique de Wallonie présentait notamment Désordre, d’Olivier Assayas, Golden Eighties, de Chantal Akerman et Le Déclin de l’empire américain, de Denys Arcand. Trente-trois ans plus tard, et sous l’appellation Festival international du film francophone de Namur (Fiff), la manifestation fait figure d’incontournable du paysage cinématographique, offrant un vaste panorama de la production en francophonie. Le millésime 2019 ne fait pas exception à la règle, qui accueille des films remarqués à Cannes ou Venise comme des inédits, des premiers longs métrages comme des oeuvres de cinéastes établis. C’est d’ailleurs un habitué, Christophe Honoré, qui ouvrira les festivités ce samedi avec Chambre 212, où il réunit Chiara Mastroianni (prix d’interprétation à Un Certain Regard en mai dernier), Benjamin Biolay et Vincent Lacoste. Le Grognon aura, du reste, des petits airs de Croisette, puisqu’on pourra également y voir Roubaix, une lumière, d’Arnaud Desplechin, et Matthias et Maxime, de Xavier Dolan, deux des douze longs métrages concourant au Bayard d’or. Mais aussi, côté premiers films et en direct des sections parallèles cannoises, Adam, de Maryam Touzani, Perdrix, d’Erwan Le Duc, ou Nuestras Madres, de César Diaz, production belgo-guatémaltèque lauréate de la Caméra d’or.

Chambre 212
Chambre 212

La suite du programme s’annonce aussi éclectique que cosmopolite: Fabrice Du Welz boucle sa trilogie ardennaise avec Adoration, le Laos s’invite à Namur avec La Longue Marche, de Mattie Do, Yvan Attal revisite John Fante en compagnie de Charlotte Gainsbourg dans Mon chien stupide, Cécile de France accompagne Fabienne Berthaud en Mongolie à la recherche d’Un monde plus grand, Vincent Lacoste (encore) joue les adulescents (et le général de Gaulle) dans Mes jours de gloire, d’Antoine de Bary. Et l’on en passe, comme des incursions en terrain documentaire (In Another Life, de Philippe de Pierpont, Mon nom est clitoris, de Lisa Billuart Monet et Daphné Leblond, Bains publics, de Kita Bauchet…), animé (Le Voyage du prince, de Jean-François Laguionie et Xavier Picard, Loups tendres et loufoques, programme de courts d’après Mario Ramos…) ou télévisé, avec la présentation des deux premiers épisodes de la série Une île, de Julien Trousselier, avec Laetitia Casta. Également au générique du Milieu de l’horizon, de la réalisatrice suisse Delphine Lehericey, la comédienne est le coup de coeur de cette 34e édition. Elle rencontrera le public le 3 octobre, peu après la traditionnelle leçon de cinéma, dispensée cette année par André Téchiné, le président du jury longs métrages, par ailleurs objet d’un documentaire de Thierry Klifa, Cinéaste insoumis…

Les Misérables
Les Misérables

Gand, en musique

Film Fest Gent, du 08 au 18/10. www.filmfestival.be

Si sa compétition est dévolue à l’impact de la musique sur le cinéma, et que les World Soundtrack Awards en constituent le point d’orgue, Gand reste avant tout le festival généraliste le plus important organisé sous nos latitudes. Démonstration avec une 46e édition ayant fière allure, avec des films remarqués à Cannes (Les Misérables, de Ladj Ly, en ouverture, Atlantique, de Mati Diop, J’ai perdu mon corps, de Jérémy Clapin, Little Joe, de Jessica Hausner…), Venise (La Llorona, de Jayro Bustamante, Martin Eden, de Pietro Marcello…) ou Locarno (A Girl Missing, de Koji Fukada), des avant-premières attendues (Light of my Life, de Casey Affleck, The Wild Goose Lake, de Yi’nan Diao, Judy, de Rupert Goold…), et autres premières de productions belges (du Muidhond de Patrice Toye à The Barefoot Emperor, de Peter Brosens et Jessica Woodworth). À quoi l’on ajoutera un focus sur le cinéma espagnol (avec l’inédit While at War, d’Alejandro Amenábar, mais aussi des classiques comme Viridiana de Luis Buñuel ou El Espiritu de la Colmena, de Victor Erice), l’aventureuse section Global Cinema, une sélection de documentaires dévolus à des Artists on Film (dont Memory: The Origins of Alien, venu en droite ligne de Deauville, mais encore deux essais consacrés à William Friedkin), et un volet Sound and Vision accompagnant, par exemple, PJ Harvey et Seamus Murphy dans A Dog Called Money. Le tout, relevé de la présence de nombreux invités, de Geraldine Chaplin à Rian Johnson, de Carice van Houten à Matthias Schoenaerts, sans oublier les compositeurs Marco Beltrami et Krzysztof Penderecki.

La Ciudad Oculta
La Ciudad Oculta

Regards sur la ville

Festival en ville!, du 02 au 09/10, à Bruxelles. www.leptitcine.be

Après plus de 20 ans de Regards sur le travail, l’association Le P’tit Ciné, spécialisée dans la production documentaire, propose un festival dévolu à la ville et à ses représentations au cinéma, le bien nommé En ville! Dix-neuf films du réel en constituent l’ossature, pour autant d’invitations à la découverte d’une quinzaine de villes, de Beyrouth (Wardi, de Mats Grorud, objet d’une séance jeune public) à Charleroi (Le Pays aux 60 montagnes, de Guy-Marc Hinant), de Chongqing (Derniers jours à Shibati, de Hendrick Dusollier) à Bruxelles, au coeur de multiples propositions cinématographiques, de la Traversée urbaine orchestrée par Luc Jabon au zoom sur la résidence Pacific, à Saint-Josse, filmée par Angie Obeid. Autres morceaux de choix, la première belge de Ex Libris, le remarquable essai consacré par Frederick Wiseman à la New York Public Library et à son impact sur le tissu social new-yorkais; un focus sur l’oeuvre du cinéaste espagnol Victor Moreno, en sa présence, avec notamment La Ciudad Oculta, plongée dans les entrailles de Madrid; la présentation de Visible Cities, court métrage réalisé à l’orée des années 90 par Babette Mangolte, directrice de la photographie sur plusieurs films de Chantal Akerman, au rang desquels Jeanne Dielman. Et l’on en passe comme Forbach Swing, de Marie Dumora, ou le double regard sur la asociété de consommation porté par Patric Jean dans Le Monde parfait et par Luc Moullet dans Toujours plus. À quoi s’ajoutent de nombreuses animations, rencontres, leçon de cinéma, master class, exposition et autres.

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