Emilie Dequenne, Magritte à tout prix

Pour Emilie Dequenne, ces trophées ont atténué le déficit de visibilité du cinéma belge. © Marechal Aurore/Belgaimage
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Depuis une vingtaine d’années et Rosetta, Emilie Dequenne poursuit un parcours sans faute, qu’ont couronné trois Magritte de la meilleure actrice.

C’était en 1999. Non contente d’apporter aux frères Dardenne une première consécration cannoise, Rosetta révélait en Emilie Dequenne une toute jeune comédienne qui trouvait là un premier rôle emblématique, bientôt appelé à se muer en talent aux déclinaisons multiples. Depuis, beaucoup de personnages sont venus étoffer une filmographie courant de Christophe Gans (Le Pacte des loups) à Marc Fitoussi (La Vie d’artiste), d’André Téchiné (La Fille du RER) à Albert Dupontel (Au revoir là-haut), tandis que des distinctions diverses s’ajoutaient au prix d’interprétation glané sur la Croisette. Parmi celles-là, trois Magritte de la meilleure actrice, le premier remporté en 2013 pour A perdre la raison, de Joachim Lafosse, qu’allaient suivre Pas son genre puis Chez Nous, tous deux de Lucas Belvaux, en 2015 et 2018. « Ces Magritte, cela représente surtout beaucoup de fierté pour mes proches, confie-t-elle. Mes parents en première ligne, qui ont fait faire une vitrine par un ébéniste dans laquelle ils exposent mes trophées! Blague à part, ça me fait plaisir, car ça me fait sentir appréciée de mes pairs, c’est toujours plus agréable de recevoir un trophée quand on est nommé plutôt que de repartir bredouille… Mais ça n’est en réalité qu’un problème d’ego… »

Les Magritte, l’actrice, qui a également présidé la cérémonie en 2014 – « un très bon souvenir, c’était un honneur! Et ma famille et moi avions été très bien reçus pour l’occasion! Un accueil présidentiel! » – est idéalement placée pour en évaluer l’apport pour le cinéma francophone belge. « Ils sont la suite logique de l’essor qu’a connu le cinéma belge dans les années 1990, estime-t-elle. ça y est; l’industrie cinématographique belge enfin développée peut bénéficier d’une belle vitrine! Les Magritte sont à mon sens la publicité de notre cinéma. Le manque de glamour dans beaucoup de films francophones est-il comblé grâce à la cérémonie? En tout cas, son passage à la RTBF et le public au rendez-vous confirment une popularité naissante auprès des Belges. Et ça, c’est important. Que les Belges soient plus chauvins et fiers de leur cinéma! »

Plus de curiosité

Et de souligner combien ces trophées, organisés depuis 2011, auront contribué à atténuer le déficit de visibilité dont pouvait souffrir la production: « C’est évident. Mais c’est au-delà de ça, même. Le public manque de confiance quant à sa capacité à divertir. Les Magritte, cela permet de rappeler au public que le cinéma, c’est aussi ça: du divertissement. » Quant à savoir ce qu’il faudrait pour transformer une reconnaissance incontestable en succès dans les salles? « Des bons films! De très bons films! Parfois, les goûts du public me laissent dubitative, mais en général, quand le film est bon, le public est au rendez-vous. Et de la curiosité. J’aimerais que le public belge soit plus curieux, et plus fier! »

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