Critique | Cinéma

[critique ciné] Vortex, premier film « tout public » de Gaspar Noé

Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

On n’attendait pas vraiment Gaspar Noé (Enter the Void, Irréversible) sur un terrain que défrichait en son temps Michael Haneke avec Amour.

« On est bien peu de choses…« : c’est au son de Mon amie la rose de Françoise Hardy, que s’ouvre Vortex, le nouveau film de Gaspar Noé (lire notre interview). Un choix on ne peut mieux aligné sur son sujet, le cinéaste abordant la précarité de l’existence et la fin de vie dans le huis-clos d’un appartement parisien où réside un couple âgé et où la mort, insensiblement, semble tailler son chemin. Elle (Françoise Lebrun), psychiatre à la retraite, souffre d’Alzheimer et est désormais perdue dans les méandres d’une mémoire de plus en plus lâche; lui (Dario Argento), critique de cinéma, s’affaire tant bien que mal à l’écriture d’un ouvrage sur le 7e art et les rêves. Histoire de souligner ce qui est désormais une solitude partagée, le film les suit en split-screen tandis qu’ils évoluent laborieusement dans ce qui ressemble à un capharnaüm tant physique que mental, où vient leur rendre visite leur fils (Alex Lutz). On n’attendait pas vraiment Gaspar Noé (Enter the Void, Irréversible) sur un terrain que défrichait en son temps Michael Haneke avec Amour. Si, de l’aveu-même de son cinéaste, Vortex est son premier film « tout public », cela ne l’empêche pas d’être radical et désespéré dans son approche de l’inéluctable, envisagé ici de façon frontale et quasi-documentaire -un sentiment que renforce l’usage avisé du split-screen. Noé est un adepte des (très) longs plans, et le rythme du film lui donne des allures de lent trip entraînant ses protagonistes (magnifiques), et le spectateur, vers un déclin inexorable. Le réalisateur veille toutefois, au-delà du réalisme cru, à l’enrober de bienveillance et même de douceur. Ce qui n’est pas l’élément le moins surprenant de ce film secouant et émouvant.

De Gaspar Noé. Avec Françoise Lebrun, Dario Argento, Alex Lutz. 2h22. Sortie: 13/04. ***(*)

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