Cannes : le palmarès commenté

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Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Le jury présidé par Alejandro Gonzalez Inarritu a rendu une copie globalement conforme aux attentes, couronnant le Coréen Bong Joon-ho pour l’épatant Parasite

Quatre films, Douleur et gloire, de Pedro Almodovar, Parasite, de Bong Joon-ho, Les misérables de Ladj Ly et Portrait d’une jeune fille en feu, de Céline Sciamma, s’étaient particulièrement distingués sur les écrans cannois. Le jury présidé par le cinéaste mexicain Alejandro Gonzalez Inarritu a eu le bon goût de tous les faire figurer au palmarès, non sans couronner le cinéaste coréen d’une Palme d’or sinon annoncée, en tout cas attendue. Septième long métrage de Bong, Parasite recourt au brassage de genres dont l’auteur de The Host s’est fait une spécialité. Le film évolue ainsi au confluent de la comédie noire, du thriller horrifique et de la satire sociale pour disséquer la société coréenne et ses inégalités en liant le destin de deux familles, l’une vivant dans la misère, l’autre fortunée, le tout en un crescendo de tension brillamment orchestré. Une exceptionnelle réussite, et une Palme d’or ne souffrant guère de discussion, Parasite opérant par ailleurs la synthèse des courants à l’oeuvre pendant un festival qui aura vibré au rythme du cinéma de genre tout en portant un regard acéré sur le monde contemporain.

La suite du palmarès alterne, pour sa part, valeurs sûres et nouveaux venus, conforme en cela au panachage en vigueur au sein de la sélection concoctée par Thierry Frémaux. Quatre des neuf lauréats faisaient ainsi leurs premiers pas dans la compétition cannoise, à savoir Mati Diop, Grand Prix pour Atlantique, Jessica Hausner, dont le Little Joe vaut à Emily Beecham le prix d’interprétation féminine, Ladj Ly, prix du jury pour Les Misérables (ex-aequo avec Bacurau, de Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles) et Céline Sciamma, prix du scénario pour Portrait de la jeune fille en feu. Cette dernière aurait certes pu espérer mieux encore – le Grand Prix, voire la Palme – pour son film incandescent ; il n’en va pas autrement de Pedro Almodovar, dont le Douleur et gloire pouvait prétendre à plus que le prix d’interprétation masculine pour Antonio Banderas, le règlement voulant toutefois qu’un film ne puisse obtenir qu’une seule récompense. Et jusqu’à Elia Suleiman dont le It Must Be Heaven méritait mieux qu’une Mention spéciale aux allures de lot de consolation – la qualité d’ensemble de la sélection ne simplifiait pas, il est vrai, la tâche des jurés. De quoi donner un peu plus de relief encore à la « performance » des frères Dardenne, qui repartent de Cannes auréolés, pour Le jeune Ahmed, d’un prix de la mise en scène qui manquait encore à leur collection. Le cinéma belge est d’ailleurs résolument à la fête, le réalisateur belgo-guatémaltèque César Diaz remportant pour sa part la Caméra d’or récompensant le meilleur premier film avec Nuestras Madres, découvert à la Semaine de la Critique…

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