Angoisse, vampires et rock’n’roll à l’Offscreen Film Festival

© DR
Stagiaire Le Vif

Après une première semaine en présence de John Waters, le festival Offscreen rendait hommage au réalisateur et auteur de BD espagnol José Ramon Larraz.

Mercredi 13 mars

José Ramon Larraz a tout fait dans sa vie: roman photo, BD, photo de mode, cinéma… Mercredi soir, la Cinematek rendait hommage au réalisateur, obligé de décliner l’invitation qui lui était faite pour raisons de santé. Il a cependant tenu à faire passer une lettre dans laquelle il déclare avoir « appris le cinéma à Bruxelles, en allant voir des films et en les étudiant ». C’est pourtant en Angleterre qu’il partira réaliser Scream and Die et Symptoms (1973 et 1974), considérant ce pays plus ouvert à son genre de film: l’horreur gothique.

Dans les films de Larraz, les grandes bâtisses perdues dans les bois sont des personnages à part entière. Leurs majestueux salons et leurs mystérieux greniers réveillent d’emblée un imaginaire fait de crime et de folie. Petit nid douillet devenu prison mortelle, l’intérieur est un témoin muet de l’horreur, conservant entre ses murs les secrets de la folie humaine. Ces murs sont d’ailleurs la métaphore de l’espace mental des personnages, sujets à la folie et la paranoïa, piégés par un isolement aux conséquences forcément funestes. Parmi ces pauvres âmes, le personnage joué par Angela Pleasence dans Symptoms, à la démence glaçante, est le plus marquant. Malheureusement, à moins de supporter la copie floue mise en ligne illégalement sur YouTube, difficile de voir ce film rarissime, que le festival Offscreen a donc fait l’exploit de projeter.

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Jeudi 14 mars

La rétrospective Larraz est aussi l’occasion de remettre en lumière son travail de dessinateur de BD. L’expo Larraz à la librairie-galerie Hors-Série rappelle que l’artiste a vécu à Bruxelles et publié dans Spirou pendant une dizaine d’années. Ami de Peyo et Franquin, Larraz publie les histoires de Paul Foran, Michaël et Christian Vanel dans le périodique des éditions Dupuis. Passionné par l’aventure, il est aussi un bon vivant dessinant des femmes pleines de sensualité. L’exposition présente des planches originales, des croquis ainsi que des exemplaires de périodiques de l’époque. Compte tenu de la quantité de matériel collecté, un autre évènement devrait avoir lieu dans quelques mois, dans l’espoir que l’auteur puisse y être présent. En attendant, il est possible d’en savoir plus en se procurant le dernier numéro du magazine La Crypte Tonique, dédié à Larraz pour l’occasion.

Toujours sur Larraz, direction le Nova pour voir Vampyres (1974), l’histoire d’un couple de goules lesbiennes attirant les passants vers leur château pour les tuer. Attirées par la promesse d’une nuit d’amour torride, les proies sont aussitôt transformées en repas dès l’acte consommé. Pourtant, un homme sera laissé vivant, errant blessé dans le château, vidé de ses forces… Avec son manoir, ses capes et son cimetière, Vampyres est clairement le film le plus gothique de cette sélection. Le vin comme le sang coulent à flot lors des orgies bisexuelles menées par les deux tentatrices. Twilight est bien loin… Pour les absents au festival désireux de faire connaissance avec ce sulfureux duo, le Blu-Ray du film édité par Blue Underground fonctionne sur les lecteurs européens et dispose même de sous-titres français.

Moins sanglant mais tout aussi coquin, l’incroyable documentaire canadien The Final Member de Jonah Bekhor et Zach Math (2012) raconte la quête cent pour cent authentique d’un pénis humain à exposer au Musée Phallologique de Reykjavik. Collectionneur de pénis depuis 40 ans, le fondateur du musée s’est juré d’exposer un jour un appendice phallique humain. A distance, deux donneurs s’affrontent, désireux d’être le premier à faire don de son intimité. On pourrait croire à un nouveau documenteur, mais ici, tout est vrai, ce qui est bien sûr encore plus hilarant. Dommage cependant que le comique de The Final Member ait parasité la séance de Vampyres, le public ayant décidé de ne pas prendre le film au sérieux.

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Dimanche 17 mars

Voyage dans le temps ce dimanche au Nova avec le retour des ouvreuses et des chocolats glacés! Organisée en collaboration avec La Rétine de Plateau, la projection de The Girl Can’t Help It (1956) proposait un retour aux séances d’antan, quand les salles de cinéma n’étaient pas encore désincarnées. A l’entrée du Nova, une petite dizaine d’ouvreuses, chemise blanche, tailleur noir et chapeau rouge guident le public dans la salle munies d’une lampe électrique. « N’oubliez pas le service! » disent-elles aux spectateurs surpris, peu habitués à donner un pourboire dans une salle obscure. « Le métier d’ouvreuse a pratiquement disparu », nous explique-t-on avant la séance. « Avant, il pouvait y avoir 60 ouvreuses par cinéma. Et placer les spectateurs était une vraie science. »

L’après-midi commence par quelques bandes annonces et programmes courts. Les trailers de l’époque rivalisent de phrases choc: « The new pagan sensantion! », « It came from beneath the sea! ». Un film promotionnel nous présente la « Dynamation », une technique d’animation née aux USA dans les années 50. Il y a même une chanson, The Lady in the Tutty-Frutty Hat, issue de la comédie musicale The Gang’s All Here (1943), ainsi qu’un dessin animé Looney Tunes avec Bugs Bunny! Dans la salle, l’ambiance est familiale et détendue. A l’entracte, les ouvreuses reviennent: « esquimaux, cornets, chocolats glacés! ». Pour 1€, on peut déguster une glace pour patienter jusqu’au film, ou aller chercher un cornet de pop-corn à l’entrée.

Un hommage à l’actrice Jayne Mansfield introduit The Girl Can’t Help It. Star de son époque, la ravissante blonde aux mensurations de rêve est morte brutalement dans un accident de voiture en 1967. Dans le film, elle est Jerri Jordan, future femme d’un mafieux qui veut faire d’elle une star des jukebox. Pour cela, ce dernier s’achète les services de Tom Miller, faiseur de stars alcoolique obsédé par son ex-compagne. Soumise en apparence, Jerri fait semblant de mal chanter pour se débarrasser de son petit ami gangster. Drôle et enjouée, cette très bonne comédie est aussi un vrai documentaire sur les stars du rock de l’époque, qui jouent leurs morceaux en personne tout au long du film. Un vrai concentré de bonne humeur, à l’image de ce charmant après-midi qui ferait presque regretter d’être né trop tard.

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Lucas Godignon (stagiaire)

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