
Angelina Jolie dans la peau de la Callas et Adrien Brody en architecte survivant: les sorties ciné de la semaine
Angelina Jolie interprétant Maria Callas dans Maria, Adrien Brody oscarisable pour son rôle dans The Brutalist ou encore un drame carcéral pas comme les autres: voici les sorties ciné de la semaine.
1. Maria
Biopic de Pablo Larraín.
Avec Angelina Jolie, Pierfrancesco Favino, Alba Rohrwacher. 2h03.
La cote de Focus: 2/5
Maria dépeint la dernière semaine sur Terre de la célèbre chanteuse d’opéra, retirée de la scène depuis déjà plusieurs années. Calfeutrée dans son appartement parisien, elle ressasse son passé, s’épanchant auprès de son biographe. La Callas met en scène le récit de sa propre vie, artifice scénaristique bien pratique pour raconter son histoire malgré l’unité de temps choisie. Elle se livre à Mandrax, le bien-nommé, incarnation spectrale des sédatifs qu’elle croque comme des bonbons. Car on l’aura compris, le véritable protagoniste de l’histoire, c’est la dépression qui engloutit Maria et ce qui lui reste d’élan vital, dépression consécutive à deux deuils dont la chanteuse ne s’est jamais remise. Le premier est celui de sa voix, qui la constitue et dont la disparition la tue à petit feu. A la question «que reste-t-il d’une diva privée de sa voix?», le film semble répondre: un fantôme, la mise en scène renforçant cette impression. L’appartement de Maria évoque tout autant un décor de théâtre où se jouerait le récit épique de sa vie que le mausolée, hommage à sa gloire, la réifiant avant même la mort. Il est encombré de bijoux et de costumes, incarnations inertes de sa grandeur passée.
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Une poignée de flash-back en noir et blanc offrent quelques retours sur les grands traumas de sa vie: la férocité d’une mère qui offrit ses filles aux Allemands, la cruauté d’un homme qui après l’avoir capturée la fit attendre dans l’ombre, jusqu’après sa mort. C’est l’autre grand deuil que dépeint le film.
En situant la perte de son amour sur le même plan que la perte de son art, Pablo Larraín transforme le drame en mélodrame. Alors que Jackie et Spencer confrontaient leurs héroïnes à leur destin, Maria renvoie la Callas à son statut d’amante. Malgré quelques majestueuses séquences qui surgissent au détour d’un souvenir ou d’une hallucination –auxquelles il faut ajouter une cruelle scène de comédie autour de la voix abîmée de la soprano qui peine à remplir l’espace de sa cuisine, où la bonne prépare le repas–, le film nous prive du chant de la Callas, comme Maria est privée de sa voix. La musique qui la personnifie aux yeux du monde lui fait défaut.
Alors qu’elle semble ne pouvoir vivre que dans le regard des autres, elle n’y est déjà plus qu’un souvenir, une empreinte. Reste sous nos yeux la performance d’Angelina Jolie, qui justement relève de la performance, plus que de l’incarnation. Ce ne sont pas ici ses talents d’actrice qui questionnent, mais le choix de recourir à une icône pour en interpréter une autre, dans ce dispositif à tout le moins. Le film s’ouvre sur un montage des grands moments de la carrière de la cantatrice, prétexte à fétichiser la comédienne sous les traits de la diva. Il s’achève sur des images de la vraie Maria Callas, une idée étrange, très netflixienne sûrement, faisant oublier en quelques secondes la proposition d’incarnation offerte par le film.
2. The Brutalist
Drame de Brady Corbet.
Avec Adrien Brody Felicity Jones, Guy Pearce. 3h35.
La cote de Focus: 3/5
Dès les premières scènes du Brutalist, les images écrasent les personnages, comme ce plan de la statue de la Liberté à l’envers, premier aperçu que Laszlo Toth, survivant des camps, a de l’Amérique, terre d’un espoir artificiel, aussi factice que l’intérêt que portera à cet architecte hongrois de génie un mécène américain qui le recueille comme on s’offrirait un artiste de compagnie. Il lui confie l’édification d’une église, le poussant à transcender son identité et mettant au défi sa soif inextinguible de beauté.
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Le film questionne le racisme inhérent à la société américaine, ce que le capitalisme fait à l’art, l’amour après les camps, la possibilité de créer du beau à partir du ravage. Visuellement aussi stupéfiant que les œuvres de son architecte de fiction, il s’impose par le souffle épique de ses ambitions esthétiques et narratives, parfois sursignifiantes, au détriment de ses héros dominés par l’ampleur de ce que s’emploient à déployer Brady Corbet et sa coscénariste Mona Fastvold.
3. Sing Sing
Drame carcéral de Greg Kwedar.
Avec Colman Domingo, Clarence «Divine Eye» Maclin, Sean San José. 1h45.
La cote de Focus: 4/5
Vous pensiez avoir tout vu en matière de drame carcéral dans lequel les détenus trouvent une forme de rédemption à travers la pratique du théâtre (César doit mourir des frères Taviani, Un triomphe d’Emmanuel Courcol…)? Attendez de découvrir Sing Sing. Inspiré d’un programme bien réel de réinsertion par l’art en prison, et largement interprété par d’anciens détenus campant leur propre rôle à l’écran, le film se structure autour d’une troupe constituée par des hommes incarcérés occupés à monter une pièce au scénario comique assez fou.
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Ensemble, ils s’offrent une grande évasion par le jeu et ouvrent un espace de vie précieux, où ils peuvent se montrer sincères et vulnérables… A rebours des clichés, sans complaisance ni pathos, Sing Sing use d’une caméra portée, hypermobile, pour scruter la vérité des gestes et des visages, et trouver, à l’arrivée, une profondeur émotionnelle qui électrise.
4. Riefenstahl
Documentaire d’Andres Veiel.
1h55.
La cote de Focus: 3,5/5
Réalisatrice aussi indéniablement douée que hautement controversée de La Lumière bleue (1932), du Triomphe de la volonté (1935) et des Dieux du stade (1938), Leni Riefenstahl (1902-2003) reste bien sûr dans l’histoire comme la cinéaste fétiche du Troisième Reich. Malgré ses films de propagande, elle a toujours démenti avoir été témoin des atrocités nazies ou avoir eu connaissance de l’existence des camps de la mort.
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Ses archives personnelles, accessibles pour la premières fois, nourrissent ce passionnant documentaire qui la dévoile dans toute son ambition, son narcissisme, ses contradictions et ses dérangeantes ambivalences. Passé par les festivals de Venise et de Gand, le film a l’intelligence de raconter une forme d’opacité sans forcément toujours chercher à éclairer toutes les zones d’ombre, laissant au spectateur le loisir de se faire sa propre idée sur cette figure éminemment complexe, sorte de monstre visionnaire adepte des faux-fuyants révélateurs.
5. Paddington au Pérou
Comédie d’aventure de Dougal Wilson.
Avec Hugh Bonneville, Emily Mortimer, Antonio Banderas. 1 h 47.
La cote de Focus: 2,5/5
Huit ans après un très convaincant deuxième volet londonien, on n’est pas loin de l’épisode cinématographique de trop pour l’ours Paddington, célèbre personnage né de l’imaginaire de l’écrivain britannique Michael Bond. Cette troisième aventure renvoie son héros pelucheux au Pérou, dans la jungle amazonienne, pour un retour aux sources revisitant avec humour et décontraction le mythe de l’Eldorado. Paddington y part à la recherche de sa chère tante Lucy, mystérieusement disparue de la Maison des ours retraités où elle coulait des jours paisibles…
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Sous l’exotisme de pacotille, le divertissement familial reste attachant, mais résolument sans surprise. Comme chaque épisode de la saga, ce Paddington au Pérou invite bien sûr dans son propos à ne pas avoir peur de prendre des risques dans l’existence –ce que le film aurait gagné à appliquer davantage. Joyeusement cabotins, Antonio Banderas et Olivia Colman succèdent à Nicole Kidman et Hugh Grant dans la peau des super-vilains de service.
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