ALAIN CHABAT A MIS TOUTES SES ENVIES DANS UN FILM D’AVENTURES COMIQUES TRANSPOSANT FORT JOLIMENT L’UNIVERS DE FRANQUIN ET DE SON TRÈS ÉPATANT MARSUPILAMI.

Toujours aussi cool, le Chabat. Il lui aura pourtant fallu six ans pour mener à bien son projet chéri, Sur la piste du Marsupilami. Un film aussi drôle qu’animé, où il s’offre un trio avec Jamel Debbouze et l’animal le plus singulier jamais né de l’imagination d’un artiste belge de BD…

Il aura fallu pas mal de temps pour que votre projet se concrétise enfin. Un bon test de motivation pour vous?

Oui, car si une vraie passion ne nous cheville pas au projet, on a tout le temps de se dire que cette histoire, ces personnages ou ces enjeux ne nous intéressent pas au point de tenir la distance avec la même « patate », et idéalement avec de plus en plus de « patate ». J’ai zéro distance par rapport au film, mais oui, sans aucun doute, c’était un bon test!

Les années ont-elles modifié le film dont vous rêviez au départ?

J’avais dans la tête, au départ, plein de pièces de puzzle, sans savoir combien d’entre elles allaient pouvoir être assemblées, ni comment, ni si cela ferait un truc visible, un peu cohérent. Aujourd’hui je retrouve dans le film toutes ces pièces que j’avais éparpillées sur la table.

Il y avait aussi la question, essentielle, de la « faisabilité » du Marsupilami, sans doute plus concrète au fil de l’évolution de l’imagerie de synthèse…

Je discutais avec Pierre Buffin, le patron de Buff (1), depuis pas mal d’années, avant que le film soit en production. Et un jour, il est venu me voir et il m’a dit:  » Voilà, ça va être compliqué, mais tu vas avoir ce que tu demandes! » On a beaucoup bossé là-dessus, fait plein de recherches et tout. Jusqu’au jour où on en a trouvé un vrai, ce qui a réglé le problème ( rires)…

Votre Marsupilami a de quoi faire craquer les enfants. Mais il ne fallait pas qu’il soit trop mignon, car le personnage créé par Franquin est aussi un drôle de caractère, qui sait se faire bagarreur…

En effet, tout devait y être: sa gourmandise, sa distraction, ses moments d’absence (j’adore ces moments-là, chez Franquin, quand il a l’air de ne plus trop savoir ce qu’il fait là, d’avoir oublié ce qu’il était sur le point de faire), et ses colères, bien sûr.

Qu’est-ce qui le rend unique, pour vous, dans le vaste bestiaire de la bande dessinée?

Son indépendance! Le Marsupilami n’est pas la pièce rapportée d’un personnage humain, et il n’est pas obéissant. Spip (2) comprend et accepte des missions, même en râlant ferme… Le Marsupilami n’obéit à personne. Et il ne pense pas, il n’y a jamais de bulle avec des pensées au-dessus de sa tête, contrairement à Spip. Il est dans son animalité, dans son insoumission. Il a son propre rythme, son propre agenda. Parfois ça cadre avec ceux des humains, parfois pas. J’adore ce truc, qui est assez unique dans le bestiaire BD.

Comment sont venus les personnages humains?

Ils ne sont pas arrivés tout de suite. Il y en a eu de très différents, au fil des stades du projet. Et puis à un certain moment, je me suis reconcentré sur mes envies, j’ai remplacé « il faudrait » par « j’aimerais ». J’avais envie de jouer en duo avec Jamel, envie d’un savant fou, envie d’aventures, d’exotisme, de couleurs, j’avais envie de rigolade, de tension, et d’un propos (mais pas de prêchi-prêcha). A partir de cette liste de desiderata, j’ai commencé à vraiment m’amuser à écrire!

Votre approche visuelle est très différente de celle que vous aviez eue pour Astérix et Obélix: Mission Cléopâtre, où vous travailliez beaucoup sur le plan, la case, le gag d’une image ou d’une réplique…

Oui, cette fois-ci c’est le mouvement, l’aventure, car c’est la logique même de Franquin, ce qui me fait « partir » encore aujourd’hui dès que je reprends un album de Spirou. Il y a toujours chez lui une aspiration vers l’expédition, la découverte d’un univers, même dans les albums qui se déroulent entièrement à Champignac!

Quels sont vos albums de chevet, dans l’£uvre de Franquin?

Il y a eu des périodes différentes, bien sûr, mais certainement Z comme Zorglub, Q.R.N. sur Bretzelburg aussi, Le Dictateur et le champignon. Et La Mauvaise tête, qui est si étrange, avec ses petits hommes. C’est un album génial et bizarre, perturbant… l

(1) SOCIÉTÉ FRANÇAISE SPÉCIALISÉE DANS LES EFFETS SPÉCIAUX, SURTOUT DIGITAUX.

(2) L’ÉCUREUIL DE LA BD SPIROU ET FANTASIO, DONT LA REPRISE PAR FRANQUIN VIT UN AUTRE ANIMAL LUI FAIRE DE PLUS EN PLUS D’OMBRE, UN CERTAIN MARSUPILAMI…

RENCONTRE LOUIS DANVERS

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