Ce qui gît dans ses entrailles

De Jennifer Haigh, éditions Gallmeister, Traduit de l’anglais (états-Unis) par Janique Jouin-de Laurens, 436 pages.

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Pennsylvanie, 2010: une vaste campagne d’extraction du gaz de schiste par fracturation hydraulique est lancée dans la commune de Bakerton. Deux compagnies pétrolières ont lâché leurs commerciaux; avec leur belle voiture et leur beau discours, ils vont convaincre les fermiers locaux de louer leur terrain pour installer des puits de forage. Tant pis si le paysage est défiguré, tant pis si on fore 24 h sur 24: quand les dollars se mettront à tomber, on ne pensera plus à ça. Tout sonne juste dans le nouveau roman de Jennifer Haigh; le fait qu’elle vienne de la région et qu’elle soit petite-fille de mineur n’y est certainement pas étranger. Sa connaissance des lieux et de son sujet lui permet de traiter son histoire à partir de différents points de vue, du chef d’entreprise surtout intéressé par le bien-être de ses actionnaires au gardien de prison qui a signé trop précipitamment parce qu’il est endetté jusqu’au cou, en passant par les fermiers bio encerclés de puits. Elle le fait de manière très subtile, jamais frontalement : ce sont les situations personnelles de chacun qui sont mises en avant, avec pour horizon des forêts de derricks à perte de vue. Les éditions Gallmeister frappent fort avec ce magnifique et âpre roman, prouvant que la ruée vers l’or noir -et ses dégâts collatéraux- n’est toujours pas terminée.

C.B.

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