Jean-François Pluijgers

Cannes, le film du jour (8): La Fille inconnue des Dardenne, très bon film mais pas leur plus fort

Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Deux Palmes d’or, et une kyrielle d’autres prix: les frères Dardenne font pour ainsi dire partie des meubles à Cannes. A tel point qu’ils étaient cette année présents avec trois films en compétition: au titre de coproducteurs pour I, Daniel Blake de Ken Loach, et Baccalauréat de Cristian Mungiu, et en qualité de réalisateurs pour La Fille inconnue.

Au coeur du film, on trouve Jenny Davin (Adèle Haenel), jeune médecin généraliste dévouée à ses patients et son métier au point d’y sacrifier son existence. Un soir pourtant que l’on sonne à son cabinet bien après la fin des consultations, elle renonce à ouvrir. Pour apprendre le lendemain que la jeune femme venue se présenter à sa porte a été découverte morte, en bord de Meuse, tout près de là. Rongée par la culpabilité, Jenny va alors se démener pour trouver l’identité de la défunte, montrant sa photo à tout le monde, le secret médical comme argument, espère-t-elle, pour libérer la parole…

Si l’ancrage social de leur cinéma est toujours aussi présent, cette histoire s’inscrivant dans la réalité précarisée de l’époque, les Dardenne s’ouvrent ici au film de genre. Et La Fille inconnue peut se lire comme une enquête policière se doublant d’une quête morale, dont les enjeux se déploient au gré d’un scénario millimétré. Nouvelle venue dans leur univers, Adèle Haenel apparaît comme l’incarnation idéale de cette double dynamique, la détermination chevillée à son corps toujours en mouvement, arrimée à sa volonté d’« être plus forte que ses émotions » bientôt démentie par les faits. Il y a de la Marion Cotillard de Deux jours, une nuit, dans sa démarche, et l’univers est on ne peut plus familier, où l’on croise encore Fabrizio Rongione, Olivier Gourmet ou Jérémie Renier. Mais si les Dardenne sont ici assurément dans leur élément, La Fille inconnue louvoie aussi quelque peu, au détriment parfois de l’urgence et l’évidence de leur cinéma. Un très bon film, donc, mais peut-être pas leur plus fort…

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La piste aux étoiles

Aux deux tiers de la compétition, Toni Erdmann, de l’Allemande Maren Ade, garde les faveurs de la critique, tant internationale que française. Avec ses 3.7 de moyenne, le film devance, dans Screen, le Paterson de Jim Jarmusch (3.5) et Aquarius, la belle surprise du Brésilien Kleber Mendonca Filho. Quant à la presse hexagonale, elle octroie six Palmes au film de Maren Ade, suivi de… Ma loute, de Bruno Dumont (4), Loving, de Jeff Nichols, et Julieta, de Pedro Almodovar (3), complétant le podium.

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