Jean-François Pluijgers

Cannes, le film du jour (5): American Honey d’Andrea Arnold, fascinant mais pas exempt de défauts

Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Assurément l’un des films les plus attendus de la compétition, American Honey, d’Andrea Arnold, a reçu un accueil contrasté.

Ce road trip n’est pas exempt de défauts, il est vrai – et notamment une longueur excessive (ce qui est, du reste, le lot d’une majorité de films présentés cette année à Cannes), mais aussi un scénario un peu lâche. Pour autant, la réalisatrice anglaise, auteure de Fish Tank et d’une adaptation de Wuthering Heights notamment, signe là une oeuvre fascinante.

Inscrit dans l’horizon américain, American Honey y suit Star (Sasha Lane, une débutante au charisme inouï), une adolescente qui, au hasard d’une rencontre avec Jake (Shia LaBeouf), décide de quitter sa famille dysfonctionnelle pour rejoindre une communauté de jeunes gens sillonnant le Midwest en vendant des magazines au porte-à-porte. De motels borgnes en aires pour routiers, il y a là une vie itinérante et précaire avec ses rituels – les soirées arrosées, les combats entre les vendeurs les plus poissards de la semaine… -; un univers où Star trouve rapidement ses marques, en dépit de l’hostilité affichée de Krystal (Riley Keough), la jeune femme régnant sur la bande…

Road movie à la vibration adolescente (on pense au cinéma d’un Van Sant période Paranoïd Park), American Honey manque sans doute quelque peu de tension dramatique, sans faire par ailleurs l’économie d’une certaine naïveté. L’incroyable énergie du film, que souligne une bande-son omniprésente, compense toutefois largement. Et la mise en scène immersive d’Arnold, combinée à un sens aiguisé de l’espace et à la sublime photographie de Robbie Ryan, donne à cette insolite errance circulaire des contours d’une ravageuse beauté. Non sans que s’y esquisse, au gré des rencontres et temps de suspension, le portrait en creux de l’Amérique contemporaine, entre rêve et amertume…

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La piste aux étoiles

Premier choc de la compétition, Toni Erdmann, de la cinéaste allemande Maren Ade, fédère la critique: la presse internationale lui donne un moyenne de 3.8 dans Screen, tandis que sa pendante française lui octroie cinq palmes dans Le film français. Autant dire que le film, le troisième de la réalisatrice, par ailleurs productrice de Miguel Gomes, devrait se frayer un chemin jusqu’au palmarès…

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