Camarade Anna

Durant ses études à Moscou, Valia (Valentin) s’éprend d’Anna, silhouette comme tracée au fusain noir rencontrée dans le métro. Il est gentil mais amorphe, elle est membre de « L’Union des jeunes patriotes ». Il répond par monosyllabes, elle abuse du terme « camarade ». Chacun est esclave de quelque chose. Entre deux réunions secrètes à l’image des cellules marxistes d’avant la révolution, l’amour, notion « petite bourgeoise », cherche à s’immiscer. Mais qui se cache derrière les slogans de la demoiselle et sa condamnation d’un monde imparfait? À 35 ans, Irina Bogatyreva fait partie de la « nouvelle vague russe ». Lauréate de nombreux prix, elle a publié cinq livres dont Camarade Anna est le premier traduit en français. Le pitch: un roman d’amour évoquant le malaise d’une jeunesse russe que n’enthousiasment ni le souvenir du collectivisme, ni les promesses de l’individualisme. Outre quelques saynètes de la vie estudiantine, on y dispute la vitalité des idées socialistes, entre rêve de sacrifice et soif d’action. Est-on esclave de l’État? A-t-on lu La Mère de Gorki? « Une intuition infaillible lui soufflait qu’elle l’accepterait tel qu’il était, même si ce n’était pas tout de suite, il suffisait d’attendre. » Et le lecteur, plongé dans « la torpeur de son âme somnolente », de patienter… car si la nuit moscovite, le roman avance lentement.

D’Irina Bogatyreva, ÉDITIONS Albin Michel, Traduit du russe par Christine Zeytounian-Beloüs, 286 pages.

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