Critique | Musique

Cali – Vernet les Bains

© Patrick Swirc
Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

CHANSON | Toujours sur le parking des amours brisées et de la faucheuse, Cali s’offre une pause dans son infernale course à l’exhibition sentimentale.

CALI, VERNET LES BAINS, DISTRIBUÉ PAR PIAS. ***

En concert le 2 février à l’Ancienne Belgique.

Il y a deux ans, Geoffrey Burton -brillant guitariste gantois entendu chez Arno et Bashung- produit le quatrième album studio de Cali, La vie est une truite arc-en-ciel qui nage dans mon coeur. L’objet a ses moments d’exaltation à la Ferré, mais avec 50.000 exemplaires vendus, il confirme l’érosion commerciale de Cali -550.000 du premier, 300.000 du second, 200.000 du troisième-, signe que le quadra de 1968 est allé au bout de ses saignées en place publique. Le nouveau disque 2012, réalisé par l’excellent Frédéric Lo -il avait géré le retour discographique de Daniel Darc en 2004-, agit comme un cataplasme sur nos préjugés. Il semble dire que Cali souffle, comprenant qu’il ne doit pas hurler ses blessures pour les faire paraître profondes. L’accompagnement consiste le plus souvent en un piano narrateur, celui de l’Anglais Steve Nieve, avec lequel Cali a beaucoup tourné en acoustique, finissant par écrire sur la route quelques-unes des chansons de Vernet les Bains. Sinon, la douceur amniotique des instruments forme un cocon protecteur, histoire que les mots barbelés ne déchirent pas d’emblée les parois sensitives de l’auditeur. Surtout quand on y renifle de près la mort (Je rêve de voir l’été).

Bourdon

Le Cali 2012 a donc des poussées de fièvre brelesque dans La grotte des amoureux et le Perpignanais cultive toujours ses histoires d’amour bancales comme un horticulteur porté sur la floraison du malheur. Cela fonctionne parce que la voix a baissé d’un ton sur des textes ciselés dans la narration flinguée de l’âme humaine. Certes, Cali ne se refait pas intégralement (« Il faut voir comme j’aime cette femme/Je te jure, ça finira par me tuer »Venez me chercher) et sa rédemption passe obligatoirement par des sentiments noyés: « Notre amour était perdu/Etouffé, ivre mort, la tête dans les poubelles » (Tu me manques tellement). Et oui, ce disque fout le bourdon, surtout quand il y grince un violon celtique, donc pleureur (Est-ce que tu te souviens de ton premier baiser). Mais on ne peut qu’éprouver de la compassion lorsque Cali raconte une vie qui s’éteint (Une femme se repose) ou celle d’un gamin qui ne supporte plus l’enfer de ses parents, donc le sien (Mes vieux cinglés). Fiction ou autobio, le moment est intense, comme la clôture Happy End où le chanteur malheureux (…) accompagné du collectif Miossec, Bénabar, Dominique A, etc., fustige son propre goût du unhappy end. Il y est dit « Tu nous emmerdes avec tes chansons qui s’écroulent toujours dans les larmes/Arrête un peu de faire danser la mort. » Pas faux.

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