Cadavre expo

DE HASSAN BLASIM, ÉDITIONS DU SEUIL, TRADUIT DE L’ARABE PAR EMMANUEL VARLET, 218 PAGES.

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Né en Irak, Hassan Blasim a quitté le Moyen-Orient pour la Finlande. Il y a compilé quinze nouvelles écrites à la lame du couteau, dans un style haché et emplies d’une sidération que leur lecture suscite. Des récits qui, pour imaginaires qu’ils soient, reflètent le vécu de l’auteur, et le chapelet de souffrance du peuple irakien: la dictature sanguinaire de Saddam Hussein, la guerre Iran-Irak, la seconde Guerre du Golfe dix ans plus tard et finalement la guerre civile qui s’en suivit. Enlèvements, exécutions, assassinats, attentats: les cadavres parfois déchiquetés jonchent ces histoires. Car le fil conducteur de cette écriture poignard, c’est la guerre, la violence et l’effroi, dans cette Mésopotamie où serait née l’humanité et où elle semble y trépasser atrocement. Construit avec la minutie d’un entomologiste, leur réalisme n’a rien de commun avec la fiction qui les reçoit, linceul de respect pour les victimes. Seul refuge et seule défense face à l’absurdité de cette tempête de violence, et l’horreur sidérante que le sable du temps recouvre, empile en couches: la poésie, l’humour, la littérature et un réalisme magique qui vire parfois au fantastique. Aux Mille et une nuits, Hassan Blasim oppose ses contes d’une nuit noire interminable, de la folie humaine ordinaire…

B.R.

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