Bowie en sound and vision

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Brett Morgen consacre un documentaire foisonnant à David Bowie, mixant images de sources diverses et interviews dans un trip euphorisant.

Producteur et réalisateur américain, Brett Morgen s’est fait un nom dans le documentaire musical, signant notamment Say It Loud: A Celebration of Black Music in America, Crossfire Hurricane, à l’occasion du cinquantième anniversaire des Rolling Stones, ou encore Cobain: Montage of Heck, sur le leader de Nirvana. Un pedigree qui, aux côtés d’autres essais notables comme The Kid Stays in the Picture, le portrait du légendaire producteur hollywoodien Robert Evans, lui a valu d’être adoubé par le David Bowie’s estate afin de piocher dans ses collections pour consacrer un film au chanteur, disparu en 2016. Cette latitude, Morgen a su en faire bon usage, son Moonage Daydream, fruit de quatre ans de travail, brassant une somme considérable d’images, dont de nombreuses inédites, archives personnelles, enregistrements live ou autres interviews, pour documenter le parcours de l’homme qui venait d’ailleurs.

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Bowie, le réalisateur le présente en nomade de la création, anticipant l’air du temps et occupé à se réinventer au gré de ses personnages successifs -Ziggy, Aladdin Sane ou autre Thin White Duke- quand il ne débordait pas du champ musical au gré d’incursions dans la peinture, le théâtre, le cinéma ou la vidéo expérimentale. Démarche en révolution permanente que le film restitue assortie des commentaires de l’intéressé -“Pour moi, la vie est une quête, énonce-t-il, avant d’assurer plus loin “C’est ce qu’on fait dans la vie qui compte, pas le temps qu’on a ou ce qu’on aurait aimé faire”. Deux réflexions parmi d’autres, qui le voient embrasser des sujets divers, philosophie, spiritualité, art, sexualité et l’on en passe. L’intérêt du film réside aussi dans la forme qu’a adoptée Brett Morgen pour en faire une odyssée éminemment singulière. Si la trajectoire et l’empreinte laissée par Bowie fascinent, la mise en scène de Moonage Daydream le lui rend bien, montage refusant le double carcan de la chronologie et de l’exhaustivité, pour immerger le spectateur dans un tourbillon d’images et de sons composant un portrait kaléidoscopique de l’artiste et de son œuvre. Un parti pris affirmé d’emblée, le film se déployant à la façon d’un collage visuel où se superposent les multiples facettes de Bowie, électrisant les foules ou dynamitant le Dick Cavett Show, s’attelant à inventer le XXIe siècle en 1971 ou dévoilant ses toiles -des portraits, essentiellement. À quoi viennent se greffer des extraits de films –Caligari ou Nosferatu, empruntés à l’expressionnisme allemand, mais aussi Furyo ou Labyrinth-, les Heroes, Aladdin Sane, Space Oddity ou autre Cracked Actor composant un fantasme de bande-son. Pour achever de faire de cette expérience en Sound and Vision un film-trip euphorisant saluant le génie mutant de Bowie. À voir.

Moonage Daydream

De Brett Morgen. Avec David Bowie. 2 h 15. Dist: Universal.

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