back to the roots – Beowulf n’est pas qu’un film avec Christophe Lambert, mais aussi un texte fondateur anglo-saxon et une très belle BD ibéro-belge.

De Michel Dufranne et Javier Navarro Barreno, chez Delcourt (1 volume paru sur 3).

A l’époque où Michel Dufranne découvre Beowulf, deux guerres divisent son lycée bruxellois: les fans de Michael Jackson contre ceux de Prince, les inconditionnels de J.R.R. Tolkien ( Le Seigneur des Anneaux) contre ceux de Robert E. Howard ( Conan le Barbare). Le futur scénariste s’élève d’emblée au-dessus de la mêlée, puisqu’il a lu le véritable ancêtre des deux écrivains: Beowulf, un des corpus fondateurs de la culture anglo-saxonne.

 » Bien plus tard, j’aurai comme un grand choc culturel en visionnant le film homonyme avec Christophe Lambert: une catastrophe sans nom!, confie Michel Dufranne autour d’un café. Du coup, j’ai relu ce poème épique, en anglais moderne cette fois. Au même moment, je suis parti travailler au Canada. Ce qui m’a frappé, c’est la différence de réception de ce texte fondateur en Amérique du Nord et en Angleterre. Aux Etats-Unis, Beowulf est un héros populaire, un personnage de comics. Au Royaume-Uni, c’est un sujet d’études universitaires hyper-pointues. »

La rencontre avec le Barcelonais Javier Navarro Barreno se fera à Bruxelles, à l’occasion d’un concert de black metal norvégien. On reste dans le nordique…  » Notre première idée fut de mélanger heroic fantasy et cinéma gore. Après quelques essais, nous nous sommes dit qu’aucun éditeur n’accepterait de publier ça! C’est alors que Javier m’a dit s’être inspiré, pour son personnage principal, de Beowulf . Cela a fait tilt. » Le duo épuisera plusieurs coloristes avant de trouver son bonheur: Wang Peng, un Chinois fan de Beowulf (!), qui opte pour des couleurs âpres. L’idéal.

CONTOURNER LES OBSTACLES

Comment traduit-on une épopée de 3 183 vers en trois volumes de bande dessinée?  » C’est à la fois très facile et très complexe. Le texte d’origine contient beaucoup de répétitions, puisque son matériau de base était oral. On pouvait donc en sacrifier quelques-unes. Nous avons également employé les atouts du médium BD pour contourner certains obstacles. A un moment donné, Beowulf expédie 12 années d’événements en deux lignes. Il nous a fallu penser notre composition pour donner une impression de durée tout en ne rajoutant rien au texte. D’où l’idée de ces quatre cases où une petite fille grandit jusqu’à devenir femme et donner elle-même la vie, et de sa tapisserie qui se déploie avec elle. » Référence aussi à la tapisserie de Bayeux, cette longue bande dessinée historique… au sens premier du terme.

www.editions-delcourt.fr

VINCENT DEGREZ

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