Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

LES TROIS FRèRES – Les Belmondo invitent à leur table jazz un géant de la musique brésilienne: Milton Nascimento. A ne pas rater, à Dinant, le 19 juillet.

« Belmondo & Milton Nascimento »

Distribué par Discograph/Bang! En concert, le 19/07, aux Dinant jazz Nights

Ils ont remis ça. Après s’être attaqués à Stevie Wonder ( Wonderland) et Yusef Lateef ( Influence), Stéphane et Lionel Belmondo, les électrons libres du jazz français, se sont penchés sur le répertoire d’un autre musicien d’exception: Milton Nascimento. Autant dire un géant. Avec Gilberto Gil, Caetono Veloso ou Tom Zé, Nascimento est l’un des incontournables de la MPB, la Música Popular Brasileira, la musique populaire brésilienne née à la fin des années 60.

Quand on le rencontre, Lionel Belmondo, déjà enthousiaste de nature, cache difficilement son admiration:  » De tous les noms cités, c’est celui qui me touche le plus. C’est peut-être le plus honnête, le plus sincère. Il ne s’est jamais compromis. Il a des tubes, mais aussi des disques comme Anima … Pour nous, il est venu gratuitement! En échange, je ne toucherai pas un franc sur ce disque. On a travaillé pendant un an, mais on lui donne tous les points. Ce qui est normal. En même temps, le disque sort sur notre label. Donc si le label gagne un peu d’argent avec cet album, on pourra produire de nouveaux artistes. C’est tout ce qu’on veut faire.  »

RAVEL

Les frères se sont donc lancés avec en tête, un croisement entre jazz, musique brésilienne et classique. A côté de huit titres du maître du Minas Gerais, le disque propose d’ailleurs un morceau de Maurice Ravel (une adaptation de sa Berceuse sur le nom de Gabriel Fauré). Dans la foulée, un air comme celui d’ Oraçào intègre des mesures d’une mélodie de César Franck, l’organiste français  » d’origine belge!« , rappelle Lionel Belmondo. Le lien entre la musique française du 19e et l’univers de Milton Nascimento?  » Milton a été bercé par cette musique. Sa mère adoptive était chanteuse classique. Elle a créé quasi toutes les £uvres de Heitor Villa-Lobos (Ndlr, le grand compositeur-pédagogue brésilien, mort à Rio en 1959). Toute sa vie, elle a joué du Fauré, du Poulenc…  » Et donc du Ravel, sur lequel Nascimento pose ici un solo d’accordéon.  » C’est un petit diatonique que sa mère lui a offert quand il avait 8 ans. Il le prend toujours avec lui. Sur le morceau de Ravel, j’avais laissé de la place pour un solo. Mais Milton a un tel respect pour le compositeur qu’il était terrorisé. Alors, je lui ai proposé de prendre son accordéon. Et ça a marché! Après coup, il nous a dit: Je croyais que j’étais un peu fou, mais vous l’êtes encore plus de m’avoir proposé ça! Milton n’est sûr de rien, c’est pour ça qu’il est grand. D’ailleurs, comme lui, Ravel était autodidacte. On dit souvent de lui qu’il a transcendé les règles: il n’en avait rien à faire surtout. Si l’on compare, aujourd’hui, tout est cloisonné. Moi j’ai fait la rue, pas le conservatoire. C’est la vraie école. »

Au-delà du parti pris esthétique, c’est d’ailleurs bien cette liberté, cette curiosité ludique, qui transcendent le projet.  » Tous les grands musiciens, les grands humains, ceux que j’appelle les bien-pensants, sont des gens curieux qui puisent partout. »

u www.myspace.com/stephanebelmondo

u www.dinantjazznights.org

LAURENT HOEBRECHTS

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