Critique | BD

Padovaland

3,5 / 5

Miguel Vila, Presque lune

Padovaland

156 pages

3,5 / 5
Colin Bouchat Journaliste BD

Il va falloir compter dès à présent avec un nouvel observateur de la jeunesse. Miguel Vila, dont la dernière bande dessinée, Padovaland, vient d’être traduite de l’italien, se pose en directeur d’un musée Grévin de papier et met en scène une brochette de jeunes gens. Son album collectionne tous les menus défauts du corps humain, exacerbés sous la plume de l’auteur: furoncles, appareils dentaires, graisse débordante ou maigreur excessive qui caractérisent l’adolescence. Si chacun tente de se cacher derrière le maquillage ou le tatouage, il ne peut que constater l’échec: la peau grêlée de boutons n’en ressort que davantage. Intellectuellement parlant, ce n’est pas mieux. Tout ce petit monde dissimule au reste de ses pairs sa véritable nature. Le jeu ne peut durer éternellement, au risque de terminer en un gigantesque pétage de plombs. La figure centrale de cet échantillon humain est Irène, jeune fille en surpoids d’une vingtaine d’années qui a décidé de faire un « break » dans ses études. Elle travaille pour l’instant comme caissière dans une grande surface où elle traîne une réputation de salope. Son frère Fabio, avec qui elle partage un appartement, arbore des cheveux hirsutes et une barbe fournie. Il s’imagine très spirituel et est secrètement amoureux de la belle Catia. Celle-ci, superactive sur les réseaux sociaux, y étale sa maigreur maladive et cache une grande fragilité psychique. Gravite autour de ce trio une ribambelle de gens aussi mal dans leur peau que dans le rôle qu’ils se sont assigné. Ils tentent tous de s’en sortir dans cette vie naissante d’adulte qui -n’ayons pas peur des mots- peut être également une belle merde mensongère. Pas de place pour l’humour dans cette excellente radiographie d’une jeunesse à la dérive.

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