The Witch Is a Bitch – Hideki Kamiya, le génie derrière Okami et MadWorld, renouvelle le beat them all avec Bayonetta. Baroque et barré.

Édité par Sega et développé par Platinum Games, âge 18+, disponible sur PlayStation 3 (version testée) et Xbox 360.

Régulièrement, l’industrie du jeu vidéo tente de dupliquer le succès de Tomb Raider en parachutant des personnages féminins sexy dans des jeux d’action dont l’intérêt égale la longueur de leurs jupes. Les récents Velvet Assassin ou X-Blades en témoignent. L’arrivée de Bayonetta chez Sega dément toutefois cette tendance avec truculence. Les créateurs du sadique et désopilant MadWorld franchissent ainsi à nouveau les limites du genre beat them all pour une claque graphique renversante. Le tout dans un cocktail frappé de combats efficaces et impossibles au second degré. Un personnage marquant du jeu vidéo est né.

Revenu à la mode depuis son extinction des salles d’arcade, le beat them all s’était fait remarqué ces dernières années via God of War et Devil May Cry. Si l’épisode Sigma 2 de Ninja Gaiden avait réjoui les amateurs de baston spectacle l’année passée, aucun autre titre n’était venu étoffer ce style. Bayonetta atterrit donc en plein désert, au moment le plus opportun. Mais l’univers esthétique bâtard, sexy et jubilatoire du titre de Platinum Games se suffit à lui-même.

Gainée de cuir et montée sur des talons flingues, Bayonetta, la sorcière blasée et amnésique, affiche une interminable paire de jambes. Dignes de celles d’héroïnes mangas des années 70, façon Lupin III ( Edgar détective cambrioleur). Hideki Kamiya, ex de Clover qui a entre autres pondu Okami et Devil May Cry, ne s’est pas arrêté là puisqu’il distille également à travers les incessantes transformations vestimentaires et capillaires de son héroïne des relents de Shojo, ces mangas pour filles. Une vraie Sailor Moon version bitchy girl SM avec des répliques qui claquent et des transformations temporaires en papillon lors des sauts.

Evoluant dans un univers rococo religieux sous champignons hallucinogènes parsemé d’anges maléfiques et de boss volants géants, Bayonetta utilise l’ensemble de son corps comme une arme de destruction massive. Au-delà des combos de coups de pied et poing classiques, ses talons tirent des balles de revolvers dans diverses postures, y compris dans les airs où elle peut rester en lévitation. De quoi gorger le jeu de plans tendancieux mais jamais vulgaires. Le spectacle n’est d’ailleurs pas là. Mais bien dans la chorégraphie impossible que l’héroïne renouvelle sans cesse. Chaque partie se solde ainsi de mouvements inédits.

Savoir-faire nippon

Au-delà de son action sous amphétamines amenant des combats inouïs à se poursuivre à 180 degrés sur des murs ou des fragments de terrasses en chute libre, Bayonetta captive grâce à sa prise en main. Accessible sans être trop basique, celle-ci centre ses commandes autour des boutons triangle et rond que l’on martèle alternativement pour déclencher combos et coups spéciaux de base. Même les allergiques aux jeux de baston qui ont pour habitude d’appuyer à l’aveuglette sur toutes les touches s’y retrouveront. Plus subtiles et parfois difficiles à gérer, les esquives permettent de déclencher un ralenti pour toucher les ennemis rapides. Une technique parmi beaucoup d’autres évoluant au sein d’une pléthore d’armes et d’accessoires tous plus imaginatifs (patins à glace, bazooka, fouet…) les uns que les autres. Malgré quelques scènes de combat un peu confuses, des phases puzzle bidon et des Quick Time Event foireux, Bayonetta s’impose comme le jeu qui marquera le début 2010 par son irrévérence, sa technique et son rythme monté sur ressorts. Plus qu’un plaisir ludique, Bayonetta c’est aussi un soulagement. Celui d’un jeu vidéo nippon qui, malgré un passage à vide, reste hyper imaginatif et techniquement à la pointe.

Michi-Hiro Tamaï

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