Parti tenter sa chance en Angleterre, Das Pop a bien failli disparaître. En attendant l’album, Bent Van Looy revient sur la trajectoire de ce qui reste la plus belle échappée pop du Royaume.

Gand, Sint-Pietersplein. Une partie des étudiants de l’université profite des premiers rayons de soleil printaniers pour envahir les terrasses. Les autres ont plié bagages pour le weekend.

Attablé au café du Vooruit, Bent Van Looy vient d’arriver. Installé à Paris depuis deux ans et demi, le chanteur de Das Pop est de retour pour un court séjour. L’occasion pour lui de pousser quelques 45 tours (il est également DJ) au Culture Club et de retrouver des têtes connues – puisque c’est ici qu’a démarré, il y a près de 17 ans, l’aventure Das Pop, l’une des plus belles cylindrées pop du continent. Dans la foulée, on en a donc profité pour le rencontrer, à l’invitation de John. « On se connaît via Tom De Vuyst, leur manager, explique Bent Van Looy. Au début du groupe, il bossait pour nous comme roadie. Dès qu’il repérait des nouvelles chansons, il nous les faisait écouter dans la camionnette. En 2001, Ghinzu a fait notre première partie sur les dates wallonnes. On a aussi réalisé un remix d’un de leurs morceaux. Je ne me rappelle plus du titre (Ndlr: R2D3), mais dans ma tête j’ai le souvenir de quelque chose d’assez ambitieux! » ( sourire).

En mission

On peut s’amuser à comparer les deux groupes. A ce petit jeu, un parallèle saute aux yeux: le temps mis à sortir un troisième album. Il a fallu cinq ans pour Ghinzu. C’est encore pire pour Das Pop: le successeur de The Human Thing, sorti en 2003, se fait toujours attendre. « En même temps, de notre côté, le disque a été quasi bouclé en 15 jours. » C’était en 2005. Depuis, la vie de Das Pop a été tout sauf un long fleuve tranquille. Un groupe dispersé entre Paris, Londres, Stockholm et Gand; des problèmes de maisons de disque; une industrie complètement chamboulée. Et du coup, un troisième album qui n’a cessé d’être reporté.

Après deux disques parfaitement maîtrisés, la voie était pourtant royale pour Das Pop. Trop apparemment pour le trio composé alors de Bent Van Looy, Niek Meul et Reinhard Vanbergen. « A un moment, on s’est retrouvé à faire des choses comme une tournée des théâtres qu’on n’avait jamais rêvé de faire. On était parti dans un schéma disque-tournée des clubs-festivals-théâtres-disque-etc. On peut fonctionner comme ça, mais on ne doit pas fonctionner comme ça. » Le trio décide donc de larguer les amarres. Comprenez: maison de disques, manager, tourneur… But de la man£uvre: « On voulait faire ce qu’on avait toujours eu envie de faire depuis qu’on avait 16 ans: jouer en Angleterre. Au départ, on s’est donné six mois… « 

Evidemment, on ne passe pas si facilement de la D1 belge à la Premier League. Das Pop va donc devoir aller au charbon, taper sur le clou, quitte à « jouer dans les toilettes ». L’an dernier, il réussit à s’incruster dans la programmation du prestigieux festival de Glastonbury, où il donne trois concerts en un jour. « Les Anglais ont définitivement un rapport passionnel à la pop. Ce n’est pas juste un hobby, mais une vraie culture, comme avec le football. «  Au bout du compte, jamais le groupe ne semble avoir baissé les bras. Cela doit s’appeler la foi… « Pour nous, la pop est un concept sacré. Quel medium peut provoquer autant d’émotions en trois minutes trente? Alors oui, si vous commencez à y réfléchir, cela peut paraître ridicule de consentir autant de sacrifices pour de la pop. Mais en même temps c’est important. Quelqu’un doit bien le faire. »

Entre-temps, Bent Van Looy s’est donc fixé à Paris. Das Pop y a notamment gagné les faveurs de l’équipe Ed Banger, le label électro branché par excellence: les superstars Justice glissent volontiers des titres dans leur DJ set, et Sebastian a réalisé un remix de Fools For Love. La suite? Le groupe revient juste d’une nouvelle tournée de trois semaines en Angleterre. « On a rempli le club de l’ICA à Londres, alors même que le disque n’est toujours pas sorti! »

Dernière ligne droite

Das Pop tenait pourtant un deal avec la major Sony, via le label Ugly Truth. Las, le label en question a dû être dissous. Le groupe a repris ses bandes. Aujourd’hui, deux nouvelles maisons de disques sont dans la course. « Cela devrait se conclure dans les semaines à venir. » La roue pourrait donc enfin tourner, les choses s’accélérer. En avalant une dernière gorgée de bière, Bent Van Looy sème pourtant le doute. « Ne reste que le mastering à réaliser. » Un détail? « Disons que tant que cette étape n’est pas passée, tout est encore possible. «  C’est dit avec un air de défi. Comme si le chanteur cherchait lui-même à se tester. Avant de passer la porte du Vooruit, il précise encore: « Le confort n’est jamais bon pour un artiste. Il doit se mettre en danger. Il doit avoir peur. »

Sur le chemin du retour, on tombe sur la kermesse de Gand. Au programme de la fuur, comme on dit ici: manèges, montagnes russes et le « Star Wars », grand moulin à trois branches qui fait valser les candidats dans à peu près tous les sens possibles. Bent Van Looy est reparti dans l’autre sens. De toute façon, les sensations fortes, il connaît.

Das Pop jouera le 8 mai, dans le cadre des Nuits Botanique.

www.daspop.com

Rencontre Laurent Hoebrechts

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