LA GRANDE ÉVASION – S’INSPIRANT DE L’ÉPISODE DES OTAGES DE L’AMBASSADE AMÉRICAINE EN IRAN, AFFLECK SIGNE UN THRILLER POLITIQUE HALETANT LORGNANT AVEC BONHEUR VERS LE FILM SUR LE CINÉMA.

DE ET AVEC BEN AFFLECK. AVEC JOHN GOODMAN, ALAN ARKIN, BRYAN CRANSTON. 2 H 00. SORTIE: 07/11.

En deux longs métrages aussi classiques que parfaitement maîtrisés, Gone Baby Gone et The Town, Ben Affleck s’est imposé comme l’un des réalisateurs américains à suivre. Un postulat que vient aujourd’hui confirmer Argo, thriller politique trouvant son inspiration dans un épisode tumultueux de l’histoire récente des Etats-Unis, la crise iranienne des otages.

Passé un prologue brillant, convoquant 50 années d’Histoire en un raccourci pénétrant, tout commence au plus fort de la révolution iranienne, le 4 novembre 1979, lorsque l’ambassade américaine à Téhéran est prise d’assaut par les manifestants. Alors qu’une cinquantaine d’employés sont retenus en otages, six d’entre eux profitent de la confusion pour s’échapper, et trouver refuge à la résidence de l’ambassadeur du Canada -un simple sursis, toutefois, tant leur découverte apparaît n’être qu’une question de jours, avec la menace de leur possible exécution. C’est là qu’un certain Tony Mendez (Ben Affleck, convaincant comme rarement) va entrer en scène. L’homme a l’habitude des situations difficiles, puisqu’il est « exfiltreur » pour la CIA. Il n’est par ailleurs pas à un plan gonflé près, comme d’appeler Hollywood à la rescousse pour mener à bien la plus délicate des missions: sortir les six diplomates du pays…

Argo Fuck Yourself

Si la crise des otages a largement défrayé la chronique, les faits qui ont inspiré Ben Affleck sont, eux, généralement méconnus. Il y a puisé la matière d’un thriller politique qui tient à la fois de la maîtresse recréation et du modèle de divertissement intelligent. Signant une reconstitution millimétrée, et même proprement soufflante par endroits mais sans esbroufe pour autant, le réalisateur réussit à restituer à merveille le contexte houleux de l’époque, tout en ménageant un suspense haletant. Film sobre et tendu jusqu’à en devenir crispant, Argo trouve cependant une respiration bienvenue dans sa dynamique en deux temps, qui résulte en une plongée savoureuse dans le monde du cinéma -incarné, notamment, par un succulent John Goodman, lequel semble en faire une spécialité après ses rôles dans Panic sur Florida Beach, In the Electric Mist et, bien sûr, The Artist.

Le  » Argo Fuck Yourself » que s’échangent les protagonistes hollywoodiens de l’opération tient ainsi lieu de précieux et hilarant sésame pour un film qui, s’il n’évite pas totalement les raccourcis manichéens, n’en va pas moins au bout de ses ambitions. Tout au plus si l’on peut, à bon droit, s’interroger sur la nécessité d’un couplet final en forme d’hommage appuyé à la CIA -bémol n’ôtant guère, en tout état de cause, aux qualités manifestes d’une entreprise classique et parfaitement ouvragée.

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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