Après le monde

En 2022, un ouragan sans précédent dans la baie de San Francisco a causé la mort de 60 000 personnes et généré l’effondrement des banques et compagnies d’assurance. L’énergie s’est raréfiée, les écoles ont fermé, l’accès aux soins est devenu vraiment compliqué. L’état du monde est tel que les espèces animales se découvrent à travers les livres. Dans cette atmosphère apocalyptique où tout doit se réapprendre, deux couples d’amis ont d’abord fui vers le Maramures, mais sont revenus en Suisse sans l’un d’entre eux, Marco, décédé en route, et cherchent leur place en itinérance. Après le monde marque par ses choix formels, discutés à même le roman: ponctuée par des Chants (la mémoire des faits), cette dystopie invite chacun à se sentir responsable. Choix audacieux, les deux femmes de l’équipée, Barbara et Christelle, emploient, en bardesses, la première personne du féminin pluriel comme voix de leur épopée d’après-déclin du monde. Un choix militant: c’est la société capitaliste et patriarcale qui les a menées au désastre, il faut désormais se penser en commun et différemment. Antoinette Rychner sonde avec méticulosité et sans pathos ces regroupements solidaires, seule voie possible si l’on veut subsister. Il n’y a toutefois ici pas d’idéalisation: la mainmise des Frères Helvètes, extrémistes, sur le pouvoir a exacerbé les tensions, les velléités des performeuses agacent face à l’urgence et parfois, les drames individuels rongent l’élan pluriel. Puissant et nécessaire, Après le monde pèche seulement par un léger déséquilibre entre didactisme et incarnation.

D’Antoinette Rychner, éditions Buchet-Chastel, 288 pages.

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