Anderlecht, mon sang, ma nation

Lundi, c’est Freddy. Porté par un soleil nympho, notre chroniqueur s’en est allé tâter ce qu’il y avait à tâter ce week-end, dans la nuit bruxelloise. Night in, Night out, épisode 32.

Ca commence par des yeux mi-clos, à l’heure d’entamer ces bêtises pascales. Cinq nuits d’affilées en pente douce. Le petit chelem. Pas forcément jusqu’aux aurores, certes. Mais juste de quoi déstabiliser les défenses naturelles, balafrer les anticorps à coups d’essuies mouillés claqués sur l’arrière des cuisses. Tiens, à propos, les anticorps peuvent-ils compter, en cas de pépin, sur leurs propres mini-anticorps? Qui eux-mêmes, par voie de conséquence, disposeraient d’une petite armée de mini-mini-anticorps³? Voilà, c’est le type de réflexions auquel on se livre, un lundi de Pâques, après un quintuplé nocturne et arc-en-ciel. Troublant éboulement intellectuel. A quand un Night in Night out spécial « je suis devenu speakerine »? Bah, suis un peu rude là, mais c’est de la faute aux blondes d’RTL, qui jamais elles veulent faire des positions aquatiques avec moi, soi-disant parce que ma tête, elle est toute comme Stéphane Pauwels, version personne te connaît povnaz.

Povnaz, c’est bien une insulte RTL ça, et puis Stéphane Pauwels, lui, il en trombine de la speakerine, garanti sur facture. Même s’il ressemble de plus en plus à Régis Laspalès, avec sa barbe. C’est la vie mec, that’s the way it is meuf, chacun dans sa catégorie et les moutons s’en iront, chancelants mais disciplinés, sur un tapis de certitudes. Inégale, souvent drôle, joliment menée par l’ami Dan Gagnon, la cérémonie des Mouches d’Or, qui voit NRJ célébrer le « meilleur du pire des médias » selon la formule consacrée, s’est rapidement transformée en after (after, after, c’est vite dit, il était tout de suite 22h) sur le toit du Kinepolis. Vue imprenable sur l’Atomium. Mauvais vin open-barisé. Une soirée à coeur ouvert, jeudi soir, où les biches en chef de la télé belge, hors Julie Taton, s’étaient toutes agglomérées en petit tas compacts. J’aime co’ bien ces sauteries mondaines, fouettées par le sentiment d’appartenance à la famille des people en sucre, une famille d’happy few qui, à défaut d’être ontologiquement glorieuse, à le mérite de donner accès aux slips des speakerines. Non didju, serais-je amer? Envieux? Frustré même? Parfaitement! Par la porte, la fenêtre, le garage, le toit, la tuyauterie, JE VEUX ENTRER DANS LE SLIP D’UNE SPEAKERINE. Ou je crie.

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Quelle superficialité de dingue, ce Guiz. Mais faut me saisir: petit, j’étais privé d’RTL à la case. Le seul modèle féminin sur lequel je pouvais me faire les dents, c’était Arlette Vincent dans Le Jardin Extraordinaire. Et feu Françoise Van de Moortel dans l’Ecran Témoin. Ca marque. Ca explique également mon fulgurant succès avec le versant « avant-guerre » de la gent féminine, mais bon, c’est hors-contexte. A force, vais finir par me rabattre sur les miss météo de la RTBF (ah non, Tatiana Silva est casée, flute. Faudra se taper Denis Collard). Tiens, justement, au sujet de la Retebeuf, me suis réconcilié avec une craquante Elodie de Sélys (souvenirs en Nino 27) durant la soirée, sous le regard volubile, les cheveux marbrés et l’assurance comique de James Deano. Grand moment aussi, le moment où Dan Gagnon le généreux s’est penché avec toute la bonne volonté du monde sur le futur de ma vie animale, en forçant la speakerine Sophie P. à me bisouter la joue. « Tu ne vas pas partir sans avoir dit au revoir à mon ami quand même », alpagua Dan, me plaçant derechef le séant sur un vélo sans selle, niveau confort. Magnanime, la jolie blonde me gratifia d’un smack neutre, contrainte et forcée, malgré mon parfum (d’excellente tenue), ma coiffure (redoutable) et mon tee-shirt turquoise (échancré). Tu ne sais pas ce que tu rates, jeune femme: je sais bouger les narines sans les mains. Je dis ça, c’est pour toi…

Bruxelles fonctionne par castes. Ici les « un peu people », là-bas ce noyau ultra-soudé d’Ixellois branchés jusqu’à l’os, croisés, ce même jeudi soir, un peu plus tard à l’apéro du Delecta. Flagey et surtout ses environs proches, c’est la Grand-place de la hype, le centre de l’intelligentsia électro-stylée, des pubeux, vidéeux, DJ’s et/ou musicos, des lattes de coke à la douzaine, des allers-retours dans les voitures. Un microcosme codé et clanique, une bande de potes à la pointe, une sorte d’élite nocturne sortie, dimanche soir, prêcher la bonne parole au Wood. Dans une ambiance électrique, suffocante et tendue: bastons en série mais vraie vibration de nuit portée par la danse, la sueur et la musique rétro. C’est pour ça qu’on est resté, Simon Le Saint et moi, au lieu d’aller humer la dernière soirée Borderline de la saison, ou même d’aller voir ce que John Dahlbäck avait dans le ventre en DJ set. Pas envie de lâcher la proie pour l’ombre. C’est ça, l’expérience. Si tu veux, je t’explique la vie d’ailleurs, en MP.

Quatre nuit plus tôt, dans le même cabanon du bois de la Cambre, ambiance scandale aussi pour la Celebrity’s, mais avec un tout autre public, coké pareil par contre (fédérateur, la C). Un public plus âgé, davantage baigné dans le délire cheveux ras, muscles saillants, tatouages tribaux, filles en mini-jupes talons (alors que les Ixelloises branchées sont en mini-shorts, avec des Air Max) et carte d’identité imprimée au nord du canal de Willebroek. Curieuse dichotomie. La césure entre ces deux mondes, à Bruxelles, est probablement bien plus franche qu’on ne l’imagine. Perso, d’avoir passé plus de vingt-cinq ans à Anderlecht, j’ai gardé un sens de la plouquitude acéré, assumé et foncièrement revendiqué: j’ouvre toujours trois boutons de chemise, histoire de dévoiler à la face du monde le Philadelphia-c’est-si-bon-qu’on-oublie-tout-reste qui me sert de peau. Et un collier. Rien à battre. Quand j’aurai fait ma puberté, j’aurai plein de poils, comme les vrais hommes.

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En parlant de vrais hommes (non, ce n’est pas une référence homophobe, je connais un type dont le cousin a déjà vu un homosexuel, c’est pas une preuve ça?), le super-queer Boy George, son chapeau et sa peau flasque jouaient au Mirano samedi soir. Devant pas grand monde, pour être franc, malgré un set house punchy plutôt bien foutu, bien loin du revival 80’s où on aurait pu l’attendre. D’ici la fin juin, l’ancien temple de la chaussée de Louvain arrimera d’ailleurs un paquet de guests ronflants (notamment l’excellentissime Pantha du Prince ainsi que les pionniers Derrick May et Kevin Saunderson) qui risquent, si les soucis de communication et de public cible ne se règlent pas, de tourner eux aussi les plaques devant deux ou trois cents personnes à la fois. Ce serait dommage. Été cow-boy (le contraire de l’été indien, t’as vu?) oblige, week-end pascal oblige, programme alléchant oblige (17 ans du Fuse, Wolf & Lamb au Libertine, etc.): fallait pas s’attendre à ce que les uns et les autres blindent leur vie. Et d’après les échos, la plupart des soirées ont eu du mal à gonfler les pecs. Plus tard dans la nuit, samedi, y’avait pourtant du Nord-Bruxellois à la pelle sur la terrasse de l’Axess, à Tour & Taxis, pour fêter le deuxième anniversaire du bar-club bleuté: un petit passage qui m’a permis à la fois d’apercevoir le plantureux duo mammaire de ma valeureuse pote Julie G. (ça faisait longtemps) et surtout d’écouter une belle chanson populaire en la personne de Hey Oh, signé Tragédie. Un morceau qui, d’après les scientifiques, serait responsable du trou dans la couche d’ozone.

Je m’en voudrais, avant d’aller profiter du sol.. heu de Facebook , de te laisser sans évoquer la véritable perle du week-end. Samedi, avant le Mir, avant l’Axess, j’étais du côté de la gare du Midi où se jouait, dans les murs quasi new-yorkais du Midi Station, la première Burlesque Fever. Grosse tendance du moment, ce machin burlesque où, sous couvert de trip vintage, les hommes aiment surtout mater du nichon. On ne me la fait pas. Dita Von Teese? Nichon! Tournée de Mathieu Amalric? Nichon! Burlesque, avec Christina Aguilera? Message in a bottle! Bref, samedi soir, sur le coup de 23h30, atmosphère d’avant-guerre, des tables rondes façon cabaret, les hommes avaient sorti leurs costumes rétro (en cotes de maille) (non, c’est pas vrai) (c’était pour la farce), leurs bretelles et pantalons à pinces (avec mon pantalon à trou, les gens venaient me donner des pièces, pour que je mange) (non, c’est pas vrai) (c’était pour la farce). Les femmes, flamboyantes, avaient sorti les boas, les plumes de paon, les robes classieuses et les regards aguicheurs. Pas spécialement mon truc, le burlesque et j’ignore si les numéros tenaient la route. Y’a eu du nichon, yeah! Mais au-delà de ce détail, la soirée du copain Salim avait carrément, vraiment et fortement de la gueule. Et de l’événementiel comme ça, on n’en trouve plus souvent à Bruxelles. Fallait oser. Bravo. Sur ce: Malou? Nichon! Rideau.

Guillermo Guiz

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