Signe des temps incertains, quand la fiction ne braque pas ses projecteurs sur les plaies du présent (à l’image de Tropa de Elite de José Padhila et Kinatay de Brillante Mendoza, deux virées à haute tension dans l’enfer des gangs), elle ausculte d’un air inquiet le futur proche. Tout proche même. Avec 2012, The road (l’adaptation du roman de Cormac McCarthy qui sortira le 27 janvier prochain) ou la nouvelle série télé FlashForward, on n’est plus dans le registre classique de la science-fiction, qui projettait sur l’écran d’un avenir lointain les scénarios les plus délirants et les plus improbables. Désormais, les auteurs ont dans la ligne de mire des lendemains qui déchantent sérieusement. Du bois à brûler pour la psychose ambiante. Car la force et la faiblesse de l’imagination, c’est d’accorder au minimum un semblant de crédit à tout ce qui la nourrit. Plus la tambouille est réaliste, en phase avec les préoccupations du moment, plus le cerveau se fait… des films. Si on ne craignait pas de voir passer dans le ciel le vaisseau Enterprise du capitaine Kirk quand Star Trek a envahi les petits écrans, on n’est par contre pas du tout sûr de ne pas se prendre ce ciel sur la tête. Dans un siècle, un an, un mois, une semaine… Quand Stanley Kubrick entonne son space opera en 1968, il situe l’action 33 ans plus tard. Là où 2012 nous met la fin du monde sous le nez. Une fin du monde aux accents apocalyptiques. Car à chaque époque ses psychoses. Si le pouvoir absolu, l’invasion des aliens et la domination des machines servaient d’engrais à la SF jusqu’il y a peu, c’est le bulletin météo qui fait aujourd’hui office d’épée de Damoclès. Dans le film catastrophe de Roland Emmerich, les éléments se déchaînent jusqu’à menacer l’humanité toute entière. Même débâcle climatique du côté de McCarthy, où les rares rescapés d’une explosion mystérieuse errent dans un décor salement amoché. Pour ne rien arranger, le compteur de la civilisation a été remis à zéro, la barbarie grignotant ce qui reste du contrat social. Comment ne pas voir dans ces deux cauchemars la métaphore d’une nature qui se rebelle contre des locataires peu soigneux? Le cinéma sonne le tocsin. Le flip devient total quand la fiction entrouvre la porte du futur… avant de la refermer aussi sec. Un plan diabolique orchestré avec panache dans FlashForward. Les temps sont durs. Avec quand même quelques pilules moins amères. On pourra s’en rendre compte en se plongeant dans Le Guide cinéma 09, un hors-série désormais en vente dans toutes les librairies. 200 films à la loupe dans une mise en page élégante et aérée. Un inventaire à conserver et à collectionner. Et un outil indispensable pour compléter une collection de DVD, pour se rafraîchir la mémoire, pour briller dans les dîners en ville ou simplement pour égayer une soirée cocoon… Dépêchez-vous avant qu’il ne soit trop tard!

par laurent raphaël

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content