C£ur battant de La solitudine dei numeri primi, voilà une demi-douzaine d’années déjà qu’Alba Rohrwacher habite le cinéma transalpin d’une présence magnétique et d’un physique atypique. Née à Florence, au crépuscule des années 70, d’un père allemand et d’une mère italienne, la jeune femme se rêve un temps acrobate, avant de suivre les cours de l’Accademia dei Piccoli, suivis de ceux du prestigieux Centro Sperimentale di Cinematografia, à Rome, dont elle sort, son diplôme d’actrice en poche, en 2003. Depuis, les choses n’ont pas traîné, en un enchaînement de seconds et de premiers rôles, Giorni e Nuvole de Silvio Soldini et Il Papa di Giovanna de Pupi Avati lui apportant la consécration nationale sous la forme d’autant de prix David di Donatello -les équivalents transalpins des Oscars, César et autres Magritte- dans l’une et l’autre catégories.

2010 est l’année de la reconnaissance internationale, avec les sorties, coup sur coup, de Io Sono l’amore de Luca Guadagnino (elle y incarne la fille de Tilda Swinton, affirmant sa différence au c£ur de la famille Recchi), et de Cosa Voglio di Piu de Silvio Soldini, où elle rompt les amarres d’une morne existence en se lançant dans une liaison passionnée qui va faire vaciller ses repères. Deux rôles au cordeau, que suit aujourd’hui celui d’Alice, dans La solitudine dei numeri primi. Au sujet du travail psychologique mais aussi physique qu’a exigé cette dernière, Alba Rohrwacher évoque « l’intuition géniale » de son réalisateur, Saverio Costanzo. « Il nous a fait travailler sur le corps. Nous avons commencé le tournage par la dernière scène, dans laquelle j’ai perdu 10 kilos, alors que Luca (Marinelli, son partenaire, ndlr) en a , pour sa part, pris 15. Nous sommes restés pendant 3 mois seuls à Turin, à suivre un régime alimentaire qui a transformé nos corps en profondeur. Ce changement physique, conjugué à une vie repliée sur nous-mêmes, a généré un lien très fort entre nous. Nous étions dans un état de malaise et de grande fatigue, dans une ville que nous ne connaissions pas. Au sortir de ces 3 mois, lorsqu’on a commencé à tourner, j’ai ressenti tout naturellement le parcours et la démarche d’Alice à partir de ce que j’avais vécu.  » De quoi donner la mesure de l’engagement d’une actrice pour qui jouer serait avant tout une affaire de prise de risques: « Changer en tant que femme pour pouvoir jouer un rôle, voilà ce que j’aime au cinéma, cette possibilité qu’il m’apporte de me sentir vivante, et de jouer des personnages différents de moi. » Soit l’histoire, en cours d’écriture, d’une vie et de ses multiples profils…

J.F. PL.

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