Critique | Séries/Télé

[à la télé ce soir] Winning Time: The Rise of the Lakers Dinasty

© hbo
Nicolas Bogaerts Journaliste

Pour raconter la renaissance des légendaires Los Angeles Lakers, point de départ d’une ère spectaculaire qui fait du basket-ball un théâtre des rêves et d’affrontements épiques, il fallait bien une superproduction.

Winning Time, par son casting, la multiplicité de ses intrigues et sa richesse visuelle, reflète la démesure d’une époque, la charnière entre les années 70 et 80, et celle d’un projet. Celui de Jerry Buss (John C. Reilly, monstrueux) repreneur de la franchise en 1979, bonimenteur, bateleur, érotomane mais visionnaire, qui transforma une équipe moribonde en machine à gagner. L’idée de génie: faire entrer Hollywood au chausse-pied dans l’arène et recruter le rookie Earvin « Magic » Johnson. Avec Kareem Abdul-Jabbar, Spencer Haywood, Michael Cooper, Jim Chones, Norm Nixon, il va incarner un style offensif et spectaculaire, généreux et dynamique, qui mènera l’équipe au sommet de la gloire. Buss, qui embauche sa fille Jeanie dans l’aventure, pose les bases d’une dynastie émotionnellement toxique mais sportivement féconde. Ces destinées individuelles et collectives sont indissociables d’un business qui va devenir gargantuesque, d’une rivalité vorace avec les Boston Celtics de Larry Bird, d’une nouvelle culture du jeu et de son image.

Winning Time est un récit multiple, choral, ambitieux, fouillé, remarquablement écrit et mis en oeuvre. Son casting est olympien. Jason Clarke, Tracy Letts, Jason Segel et Adrien Brody régalent en quartet de coaches historiques. Le nouveau venu Quincy Isaiah est un Magic Johnson étrangement mimétique. Il réussit la composition d’un personnage complexe, manipulateur jovial au centre des attentions et noeud gordien d’un récit qui pivote sur la révélation, en 1991, de sa positivité au HIV. Autour de ces petits hommes qui se rêvent si grands, Gaby Hoffmann, Julianne Nicholson, Sally Field, Gillian Jacobs et Hadley Robinson, entre autres, taillent de suprêmes rôles de femmes qui écopent sans cesse pour éviter que le navire coule. Afin de rendre la folie de cette période, Max Borenstein électrise de multiples registres: biopic sportif, comédie noire, drame, fiction documentaire, savamment distillés sur différents types de pellicules. La suppression régulière du quatrième mur, que les personnages mettent à profit de manière verbale ou non verbale, la reconstitution des matchs mythiques à couper le souffle et les ruptures de tempo quand les emmerdes pointent à l’horizon font de Winning Time une petite dinguerie visuelle, narrative et érudite à déguster sans modération.

Winning Time: The Rise of the Lakers Dynasty

Série créée par Max Borenstein et Jim Hecht. Avec John C. Reilly, Solomon Hughes, Jason Clarke. ****

Dimanche 06/03, 03h00 (et le lendemain à 20h30), Be 1.

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