Critique

[à la télé ce soir] Roadkill

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Nicolas Bogaerts Journaliste

Le scénario place et déplace ses pions sur l’échiquier des vanités, mis en images avec classe et précision dans un registre sobre qui fait du bien au cerveau et laisse toute latitude aux personnages pour déployer leurs nécroses.

Imaginez une Angleterre où la vie n’est pas rythmée par le Covid, le Brexit, les turpitudes échevelées de son Premier ministre ou les monstruosités populistes qui gangrènent le débat politique. Un monde d’avant en quelque sorte, étape antérieure dans l’escalade des médiocrités où le mensonge conjugal, la manipulation, la corruption, constituaient encore des classiques de l’ambition politique perverse. La minisérie lancée par le brillant scénariste David Hare (The Hours, Damage) nous plonge au coeur de cet univers old school où ce qui est désormais la banalité est à sa juste place: dans le domaine de l’inacceptable. Dans un registre dramatique où il excelle après ses années de comédie grinçante, Hugh Laurie (Dr House) incarne un ministre de la Justice britannique au faîte de la gloire, soudain pris dans l’étau de révélations toutes plus sombres les unes que les autres. Le requin n’entend pourtant pas se laisser manger par les crocos du marigot, même lorsqu’il est sur le point d’être lâché par sa Première ministre, à qui la défunte Helen McCrory (Peaky Blinders) offre une dernière magnifique prestation. Le scénario place et déplace ses pions sur l’échiquier des vanités, mis en images avec classe et précision dans un registre sobre qui fait du bien au cerveau et laisse toute latitude aux personnages pour déployer leurs nécroses.

Minisérie créée par David Hare. Avec Hugh Laurie, Helen McCrory, Sidse Babett Knudsen. ****

Dimanche 22/08 à 20h30 sur Be1.

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