Critique | Télé

À la télé ce soir: Damon Albarn, une histoire anglaise

3,5 / 5
© Pierre (Lapin) Le Bruchec
3,5 / 5

Titre - Damon Albarn, une histoire anglaise

Genre - Documentaire

Réalisateur-trice - Adrien Pavillard

Quand et où - Vendredi 20/05, 23h30, Arte

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

30 albums en 30 ans. Plus de 20 millions de disques vendus. Une carrière dense et diversifiée. Un succès autant commercial que d’estime. De Blur à Africa Express en passant par Gorillaz et The Good, the Bad and the Queen, Damon Albarn a marqué de son empreinte indélébile l’Histoire de la musique. Une musique qu’il a de tout temps voulu aventureuse. À la fois reflet de sa débordante curiosité et d’une Angleterre qu’il raconte à travers ses chansons depuis le début. Postulant que l’œuvre du multi-instrumentiste Albarn est une réponse émotionnelle aux événements qui font notre Histoire, Adrien Pavillard raconte celle de l’artiste en même temps que celle du pays.

Dans un groupe, on se fait parfois l’effet d’être un dessin animé. Alors, allons jusqu’au bout et devenons-en un.” Si le documentaire s’ouvre sur Gorillaz, le premier groupe virtuel au monde qu’il crée avec le dessinateur Jamie Hewlett, Une histoire anglaise remonte vite fait bien fait en 1989 et aux premiers pas de Blur. Au nihilisme du grunge (Avec Nirvana, les États-Unis ont trouvé une voix capable d’exprimer l’angoisse du pays et sa haine de soi), Albarn répond avec une vision moins stéréotypée de la société et une réelle acuité face au monde qui l’entoure. “Cet univers de Lego ne jurant que par le loisir.” Damon est un chroniqueur piquant, un commentateur social averti. Ses chansons sont des instantanés de l’Angleterre populaire. Et Parklife, troisième album qui capte parfaitement l’air du temps, le catapulte sur le trône de la pop britannique. Oasis? Les frères Gallagher? Pseudo-lutte des classes. Le nord ouvrier contre la classe moyenne du sud. Leur anglocentrisme a beau avoir inspiré bien des groupes, avec l’album Blur, sous haute influence Graham Coxon, les héros de la Britpop font table rase du passé et en deviennent les fossoyeurs. Albarn et ses comparses sont déjà ailleurs. Le chanteur de Blur s’est ouvert au monde alors que celui-ci ne faisait que se replier sur lui-même. Trop d’envies, de créativité pour rester enfermé. Gorillaz, au sein duquel il collabore avec une tonne d’artistes internationaux, Think Tank enregistré au Maroc, The Good, the Bad and the Queen qui fusionne les sonorités: Albarn le globe-trotter revient aussi sur son opéra en mandarin, sur la création d’Africa Express (deux ans à chercher l’équilibre entre tradition et modernité) tout en commentant au fil des années l’actualité. Éternel respect.

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