Myriam Leroy
Myriam Leroy Journaliste, chroniqueuse, écrivain

17.20 M6

Culotté, tête brûlée, on lui prédisait à l’université (sur les bancs de laquelle nous l’avons côtoyé) une carrière dans l’ infotainment, un peu à la manière d’un Baudouin Remy, à l’époque Projet X. Nicolas Bertrand fait aujourd’hui dans les hard news pures, brutales – la preuve avec le passionnant 26 minutes intitulé Afghanistan: un Français chez les GI’s qu’il a livré à M6. Il est l’unique journaliste belge basé en Afghanistan, et abreuve depuis 14 mois les rédactions de France 2, RFI, BFM TV, Arte, RTBF… Attiré par ce pays depuis ses études, il a quitté un CDI dans une rédaction parisienne pour retrouver deux journalistes français résidant à Kaboul, qui réalisaient des reportages pour divers organismes (ONG…) et recherchaient un reporter de type « news ». Un billet d’avion, aucune certitude. « J’ai eu de la chance, entre guillemets. Je suis arrivé sur place le jour où dix soldats français de l’Otan ont été tués dans une embuscade. Pour mon premier jour de boulot, j’ai fait un direct dans le 13 h et le 20 h de France 2. Et puis, il y a eu les élections, qui ont pas mal mobilisé l’attention internationale… » Trois mois plus tard, ses deux compagnons d’exil le quittaient, lassés par la vie afghane.

UN PAYS DéTRUIT

Installé dans une grande maison avec six autres expats (photographes, employés d’ambassades,…) il dit ne pas sentir le danger, qu’il sait pourtant bien présent, à Kaboul.  » On a une palissade de murs, deux gardes armés, il y a toujours un Afghan avec nous quand on sort… Le danger, on s’en rappelle quand il y a une attaque. Il y a quelques jours, j’ai vu les cadavres des six soldats italiens victimes d’un attentat à la voiture piégée à Kaboul… C’était très choquant. » Nicolas Bertrand envisage de quitter l’Afghanistan à court ou moyen terme. « L’hiver est beaucoup trop rigoureux. Et c’est épuisant de vivre ici. Tout est tellement difficile, en particulier techniquement depuis l’impression d’une page de document jusqu’à l’envoi d’un reportage. » Mais il nuance: « Vous devriez voir le paysage qui m’entoure en ce moment. Aujourd’hui, comme c’est férié en Afghanistan, je suis parti pique-niquer au bord d’une rivière, à une heure trente de Kaboul. Je n’ai jamais rien vu d’aussi beau que ce pays. Mais il est littéralement détruit par 30 ans de guerre. Depuis ses infrastructures jusqu’au moral de ses habitants. Et personne ici ne voit d’issue. »

Myriam Leroy

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