Xanadu

© Arte

Moins calquée sur sa consoeur Hard de Canal+ que sur la mythique fresque familiale Six Feet Under, Xanadu promet d’être une saga déglinguée sur un univers dur et violent qui tend un miroir à la société contemporaine. On demande à voir.

Il y a sans doute plus d’avenir dans le porno que dans la poste: le DVD de Xanadu que nous avions commandé auprès du service presse d’Arte ne nous est jamais parvenu. D’autant plus rageant que cette nouvelle série de la chaîne culturelle franco-allemande orchestrait sa promo sur le Net avec une telle maestria depuis plusieurs semaines que l’envie de la découvrir relevait presque de l’obsession. Surtout depuis que Xanadu a remporté le prix de la Meilleure série française au festival parisien Séries Mania. Et qu’on a appris que celui qui l’avait réalisée est le Québécois Daniel Grou, aussi connu sous le pseudonyme Podz. Qui? Tout simplement l’artisan d’une des plus extraordinaires séries qui aient été diffusées sous nos latitudes, Minuit, le soir. Quoi? Eh bien, l’une des heureuses membres du top 20 du Guide des séries publié récemment par Focus Vif, qui recense les meilleures fictions télé des années 2000.

C’est dire si cet OVNI noir, focalisé sur la porte d’entrée (et forcément, de sortie) d’une boîte de nuit montréalaise, rugueux et tendre à la fois a de la classe. Parmi ses forces: une mise en image léchée, jouant d’un onirisme glauque, dynamitant les codes confortables de la télévision de papa. Daniel Grou a, dit-il, opté pour la même palette pour Xanadu, usant de ralentis, d’arrêts sur images et de plans fous pour dépeindre la psychologie des personnages du nouveau bébé d’Arte. Et il en faut du talent pour pénétrer dans la tête et dans le corps des gens sans tomber dans la vulgarité façon M6.

Xanadu est en fait le nom d’une société de production de films pornographiques, portée par la famille Valadine. Dont le patriarche, Alex (Jean-Baptiste Malartre, de la Comédie français), voit son empire s’effondrer avec l’avènement du Net et du X cheap bidouillé à la webcam. C’est son fils aîné, Laurent (Julien Boisselier, prix Lumière du meilleur espoir masculin en 2007 pour son rôle dans Je vais bien, ne t’en fais pas), qui va reprendre le flambeau; allusion à peine voilée à la situation du pape français du film de cul, Marc Dorcel, dont le fils Grégory dirige aujourd’hui la société.

Saga déglinguée

Moins calquée sur sa consoeur Hard de Canal+ que sur la mythique fresque familiale Six Feet Under, Xanadu promet d’être une saga déglinguée sur un univers dur et violent qui tend un miroir à la société contemporaine. On demande à voir.

Mais on peut déjà émettre un léger bémol, en se basant sur les trailers, extraits et teasers distillés par la chaîne: on a peine à croire aux situations décrites par les comédiens, tant ceux-ci surjouent. Ainsi de Vanessa Demouy, opportunément rebaptisée Vanessa Body dans un personnage d’égérie de l’écurie Valadine, qui « joue à l’actrice porno » avec un phrasé aussi naturel que les seins de ses collègues de travail (les siens étant, dit-on, 100% d’origine).

A juger sur pièces dès le 30 avril à la télé, et en VOD sur le Web entre 23h et 5h du matin… là aussi, le CSA veille!

Xanadu, 22.35 sur Arte.

Une série Arte créée par Séverine Bosschem, avec Vanessa Demouy, Julien Boisselier, Jean-Baptiste Malartre.

Myriam Leroy

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