Swingtown

On parle de danse ici. Mais de danse couchée dans les 70’s. De celle que pratiquent les swingers -petit nom donné aux échangistes aux USA.

On parle de danse ici. Mais de danse couchée dans les 70’s. De celle que pratiquent les swingers -petit nom donné aux échangistes aux USA. Comme Tom et Trina, qui portent la petite quarantaine avec beaucoup de classe et se vouent une ardente passion. Un amour encore plus brûlant depuis qu’ils ont décidé de s’adonner au libertinage. Autre quartier, autres moeurs avec Janet et Roger, couple petit bourgeois corsetté par son éducation judéo-chrétienne, pour qui chaque chose à une place -laquelle n’est certainement pas le lit du voisin. C’est entre ces deux extrêmes que sont tiraillés Janet et Bruce. Elle est femme au foyer, il est trader, ils élèvent 2 adolescents et ils déménagent, délaissant leurs amis coincés. Métaphore d’une Amérique balançant entre ses penchants puritains et lubriques, l’émigration du couple 2 rues plus loin sonne la fin d’un quotidien confortable pour tous. Un soir, Tom va coucher avec Susan et Bruce avec Trina -et vice-versa- lors d’une fête sous sédatifs, et de cette petite sauterie entre voisins naîtra un questionnement qui ne laissera personne intact. Où commence le mensonge, la tricherie, qu’est-ce que le respect, le sexe n’a-t-il vraiment aucune conséquence…? A partir d’une expérience charnelle a priori anecdotique, Swingtown brosse le portrait d’une époque, d’un monde qui découvre de nouvelles libertés et décide de s’en servir, au risque de se brûler les doigts.

Cachez ce sein…

Sa reconstitution d’époque est brillante, de sa B.O. vintage (qui va de Marvin Gaye aux Bee Gees en passant par les Carpenters) à ses décors en passant par ses costumes, ses coiffures, ses attitudes… et même ses engoûements technologiques (ainsi de cet ouvre-boîte électrique que plus personne ne pense à acheter aujourd’hui). Sans oublier le fameux halo typique de la télévision des années 70. Ses comédiens sont convaincants, en particulier Molly Parker (vue dans Deadwood), parfaite en bonne ménagère titillée par sa libido, et Grant Show, qui saupoudre d’une pincée d’ironie à son personnage de séducteur à moustaches -pour peu, il nous chanterait La Bamba triste.

Intelligente et captivante, cette chronique sociétale réussit l’exploit de parler de sexe sans jamais rien en montrer explicitement. Normal: elle était programmée sur le gros réseau familial CBS -alors qu’on l’aurait plutôt attendue sur une chaîne comme HBO (ce qui était d’ailleur la première idée de ses créateurs).

Malgré toutes ses qualités, elle a été priée de se rhabiller après une dizaine d’épisodes seulement.

Myriam Leroy